Jeremy Hababou, unorthodox pianist

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Il y a des spectacles dont on sort avec un petit supplément d’âme. Unorthodox pianist en fait partie. Le pianiste Jeremy Hababou y produit un peu plus de une heure trente de plaisir intense, autour de sa passion pour la musique, pour les musiques. Pianiste frustré par l’austérité de la formation classique, il s’est complètement réinventé au sortir de l’adolescence, pour s’ouvrir à d’autres univers, sans renoncer pour autant à sa culture classique. Le résultat est étonnant, et m’a rappelé le souvenir d’un autre artiste peu orthodoxe, vu à l’Olympia il y a une dizaine d’années, Gregory Charles. Inspiré par des parents aux origines très différentes, ce pianiste incroyable était capable de jouer simultanément une mélodie classique de la main droite et un air de jazz de la gauche (ou l’inverse, je ne sais plus vraiment).

Mais revenons au sujet principal de cet article, Jeremy Hababou. Si vous avez, comme moi, des goûts musicaux assez éclectiques, vous tomberez immédiatement sous le charme de ce jeune homme d’un peu plus d’une trentaine d’années, capable de proposer différentes versions – différents arrangements – d’un même morceau. Et quels morceaux ! Cela commence avec Mozart, revisité à toutes les sauces. Une pure merveille.

Qu’est ce que la bonne musique, et qu’est ce qui permet de produire de la bonne musique ? La bonne musique ne comprend elle que le répertoire classique, ou peut-on y inclure des oeuvres plus récentes plus modernes, à la ligne musicale plus simple, voire simpliste ? C’est la question que se pose depuis plusieurs années Jeremy Hababou, et ce voyage à travers deux siècles de production sonore invite à déconstruire les préjugés qu’on pourrait avoir dans ce domaine.

De Mozart à Bruel, de Beethoven à Aya Nakamura, en passant par Ravel, Brassens, Debussy, Brel ou Satie, Hababou fait un show étonnant, imbibé de culture familiale – papy Gilbert qui fait l’américain – et de découvertes personnelles. Certains compositeurs en prennent pour leur grade, d’autres sont littéralement magnifiés par le coup de patte magique de ce pianiste capable de reproduire les sonorités d’un orchestre de jazz à l’aide de son Steinway. Wagner, en particulier, ne méritait peut-être pas un traitement aussi radical. Il a produit des morceaux bien plus envoutantes quel la chevauchée des Walkyries. Mais il est vrai que reproduire la sonorité des violons de l’ouverture de Tannhauser avec un clavier, c’est peut-être impossible…

Bref, ne ratez-pas le prochain spectacle, prévu le 19 juin prochain dans la même salle, le Palais des Glaces, à deux pas de la place de la République. Vous ne le regretterez pas…

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