Jean-Paul Belmondo

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Jean-Paul Belmondo, qui vient de s’éteindre, n’était pas un grand acteur au regard de la diversité des rôles qu’il a tenu à l’écran ou au théâtre. Mais il était un grand acteur national, du simple fait que nous avons tous un rapport plus ou moins complexe à ses apparitions cinématographiques, qu’on l’ait apprécié ou non.

Belmondo, flic et voyou ?

Avec on physique de petite frappe de banlieue, Bébel, comme on le surnommait, incarnait par excellence le rôle de voyou au grand coeur, d’aventurier séducteur à la recherche du prochain exploit dont il pourrait se vanter. C’était ce qui agaçait probablement une partie du public plutôt intello, et enthousiasmait la foule de ses fans qui guettaient chaque année ou presque la sortie du film qui le verrait combattre le mal avec flamboyance, humour et conviction.

Sportif aguerri, Belmondo tenait à exécuter ses cascades lui-même. Au regard de ce que réussissent les cascadeurs de nos jours, c’est peut-être peu de chose, mais à l’époque, ce n’était probablement pas si simple, et ceux de ma génération se souviennent sans doute d’une séquence où il apparaissait accroché à un hélicoptère survolant la région parisienne.

L’as des as du marketing

D’un point de vue strictement commercial, l’épopée Belmondo fut un réel succès en France, surtout dans les années 70 et 80. L’acteur finit par posséder sa propre société de distribution, Cerito René Chateau, dont le nom apparaissait en petites lettres en haut des affiches, ou sur la jaquette des cassettes VHS de ses films. À ce titre, il était probablement un précurseur. Mais cela lui a peut-être joué des tours, car après deux décennies de succès, ses films, aux scénarios et affiches très similaires, ont fini par lasser. Mais en ce sens il était là aussi précurseur : aujourd’hui, des millions de spectateur s’enfilent des heures d’épisodes de séries très similaires ou de productions Marvel ou DC Comics qui se ressemblent les unes aux autres : quelle différence avec un marathon Belmondo, où l’on enchaînerait Flic ou Voyou, L’as des as et Le guignolo ?

Belmondo, était une aubaine pour les médias, enclins à entretenir une hypothétique rivalité en Belmondo et l’autre star masculine du moment, Alain Delon. Je ne sais pas qui l’a emporté au box-office mais je dois avoué avoir pris plus de plaisir en regardant certains films de Belmondo, qu’avec ceux de Delon. Le professionnel restera pour moi le meilleur de tous. Mais je n’oublierai jamais son interprétation dans Le cerveau, ou dans l’adaptation des Tribulations d’un chinois en Chine par Philippe de Broca.

Belmondo l’incorrigible

Pourfendeur du mal dans sa version grand truand, le produit Belmondo ne s’est pourtant jamais exporté comme il aurait pu l’être. Sorte de Burt Lancaster national, il avait le talent nécessaire pour être un grand acteur international, et fit une apparition dans une parodie de James Bond, Casino Royale. Mais je ne crois pas qu’il soit allé plus loin.

Et même du côté des récompenses, Belmondo ne pouvait s’empêcher de faire le malin. Il refusa de recevoir le César qu’on lui attribua pour son rôle dans Itinéraire d’un enfant gâté : le sculpteur César avait été préféré à son père, sculpteur qui s’était avec compromis des artistes collabos durant l’occupation, et auquel la ville de Boulogne-Billancourt a pourtant dédié un musée – un comble – à l’entrée du parc Rothschild.

Finalement Belmondo était le prototype d’une génération d’acteurs de films d’action à la française, qui, de Bernard Giraudeau à Jean Dujardin, ont agrémenté aussi bien les après-midi pluvieux au cinéma que les dimanche soir sur TF1…

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