FaceApp: de l’engouement au stress, il n’y a qu’un pas

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Depuis quelques jours, on ne parle plus que de cela: FaceApp, l’application qui permet de vous vieillir (ou de vous rajeunir, c’est selon) est au coeur de presque toutes les discussions, à table ou au travail. On ne compte plus les faces de vieux qui défilent sur nos réseaux sociaux, pour nous divertir dans une sorte de folie égocentrée. Ciel, à qui vais-je ressembler dans vingt ans? À ma mère ou à mon père?

S’il n’y avait que cet aspect là, on pourrait balayer le sujet rapidement, le laisser peu à peu rejoindre le cimetière des applications qui nous ont tous divertis depuis que nous passons nos vies rivés à un smartphone: Logo Quizz, Pokemon Go, 2048, tous les 6 mois, une app fait le buzz, avec plus ou moins de succès.

Une image vaut plus qu’un long discours

Oui, mais cette application-là fait peur. Pourquoi? Parce qu’elle utilise une donnée appelée à prendre une importance capitale non seulement en terme de divertissement ou de socialisation, mais aussi transactionnelle.

Regardez cette vidéo et vous comprendrez rapidement.

Et oui, vos photos servent à bien d’autres choses qu’à amuser la galerie. Elles vous permettent de vous authentifier dans bon nombre de services – n’oubliez pas que pour refaire vos papiers d’identité, on vous demande … une photo d’identité. Et comme vous prenez un soin évident dans le choix de la photo qui servira à FaceApp pour vous vieillir prématurément, il est fort probable que FaceApp dispose à ce jour d’une galerie de portraits d’excellente qualité de quidams, identifiés par leur nom.

Bien sûr, on pourrait se dire que là où une protection rigoureuse s’impose, on ne s’appuiera pas sur une, mais plusieurs images. Qu’il y a d’autres données importantes, des données de contexte (l’heure, le lieu, la géolocalisation) qui servent à valider ou non l’authentification. Mais sommes-nous prêts à prendre le risque de voir certains services utiliser une authentification forte, et d’autres se contenter d’une authentification faible?

FaceApp, est-ce vraiment risqué?

Est-ce un risque majeur? Je ne tomberai pas dans la catastrophisme et le complotisme dans lequel basculent certains acteurs, et non des moindres. Que l’application appartienne à une société russe ne change d’ailleurs rien à l’histoire: c’est autant le futur de ces données que leur collecte qui pose problème. Quid d’une fuite massive de données? Les technologies numériques ouvrent un champ des possibles incroyablement fertile, et c’est à nous de comprendre, au moment où nous en faisons usage, quels sont les bénéfices, les limites et surtout les risques.

Alors continuons à utiliser FaceApp pour nous amuser, le droit au divertissement semblant être aussi important, de nos jours, que la liberté d’expression ou l’égalité devant la loi. Mais songeons dès à présent aux risques inhérents à toute forme de divertissement.

Nos philosophes nous ont déjà prévenus, il y a déjà quelques années: « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. » Mais jusqu’à présent, ils n’ont pas encore trouvé de bénéfices évidents au divertissement… Si vous vous demandez pourquoi, FaceApp est un bon début de réponse.

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