Des femmes à suivre

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Mes aïeux, quelle soirée ! Pour ce dernier concert de la saison 2021-2022 à la Maison de la Radio, je me suis offert un moment inoubliable. Deux oeuvres sublimes, le concerto No1 pour piano et orchestre de Tchaikovsky, suivi de la 7e symphonie de Beethoven. Places achetées en juillet 2021, un an à l’avance. Je me léchais les babines depuis plusieurs semaines rien qu’à l’idée d’aller écouter – réécouter, pour la 7e – ces oeuvres dans le grand amphithéâtre de Radio France.

Mais ce que je n’imaginais pas, au moment je réservai mes places, c’est que je tomberais sous le charme de deux très grandes artistes.

Oui, artistes au féminin.

Car ce soir, trois femmes étaient à l’honneur : premier violon, pianiste et cheffe d’orchestre.

Joana l’espiègle

Commençons par la conduction. Joana Mallwitz officiait ce soir. Je n’avais jamais entendu parler d’elle. Pourtant, quelle présence, quelle explosivité, quelle gestuelle ! Toute en grâce et en sourire, elle tirait ce qu’elle voulait de l’orchestre national de France. Avec sa minuscule baguette, ses mouvements amples, ses grimaces t ses yeux espiègles, sans oublier ses minuscules partitions – comment fait-elle pour les lire ? – elle incarnait parfaitement le personnage dont le premier titre évoquait le nom : Till l’espiègle, poème symphonique de Richard Strauss.

Pour vous donner une idée de ce que cela pouvait donner, jetez un oeil sur cette video enregistrée en décembre 2021.

Gabriela, la classe

Pianiste originaire du Venezuela, Gabriela Montero n’a pas la même présence physique que Joana Mallwitz. Souriante, mais réservée, elle joue de manière appliquée, peut-être trop appliquée. Ce soir, elle paraissait s’effacer devant l’orchestre, sur certains passages. Bref, je m’attendais à un petit supplément d’âme, comme dirait France Gall.

Puis vint le rappel.

Et là, mon opinion a radicalement changé.

Contrairement à d’autres pianistes, qui dans ces moments là vous sortent l’étude du moment, occasion de découvrir un morceau ou un compositeur, Gabriela Montero prit la parole, dans un français approximatif, pour dire à peu près ceci : j’ai l’habitude d’improviser au piano, que quelqu’un dans la salle me donne un motif musical, et je vous jouerai quelque chose que vous n’aurez jamais entendu et que vous n’entendrez plus jamais.

Bien sûr, le premier motif qui sortit fut le fameux Pan, pan, pan, pan de la 5e symphonie de Beethoven.

Et là, nous avons eu droit à 10 minutes de pur délice. S’appuyant sur ce thème bien connu sans y coller en permanence, Gabriela Montero, qui compose également des oeuvres « classiques », alternait les intonations joyeuses puis plus tristes, accélérait, changeait de rythme, pour toujours revenir au motif initial. C’était splendide.

t pour vous donner une idée de son talent, voici une autr eimprovisation.

Voilà, la saison touche à son terme, du moins pour moi.

Et pour une fois, elle s’achève sur une bonne note.

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