Une conférence de plus, pour rien
Il y a quelque chose d’étonnant dans cette photo. Regardez bien. Vous ne voyez pas? Approchez-vous, regardez d’un peu plus près. Là, vous voyez maintenant? Non, vous ne voyez-rien?
Conférence de Paris: la solution à deux Etats réaffirmée par 70 pays https://t.co/KNbt4og4vf pic.twitter.com/LQJVPmtHzo
— RFI (@RFI) 15 janvier 2017
C’est bien cela: des représentants de 70 états, vous en voyez, mais pas un seul représentant israélien ou palestinien. C’est à croire que le sujet du conflit entre Israël et ses voisins est devenu un sujet mondain, une sorte de sujet de café du commerce, autour duquel 70 copains sont prêts à déblatérer pendant toute une journée, sans même avoir besoin d’y convier les principaux intéressés. Un peu comme si vos amis se réunissaient pour parler de votre divorce, ou de votre mariage, c’est selon. Mais sans vous.
A quoi cela sert-il vraiment? A rien. On a vu, jadis, de réelles avancées se produire au terme de tractations souterraines, à l’abri des médias des influences extérieures, sous parrainage d’états tiers certes, mais sans avoir besoin de poser pour la photo avant que des résultats concrets ne se produisent. Sous cette forme-ci, la conférence de Paris n’aura servi à rien, si ce n’est dépenser quelques milliers d’euros en pure perte.
Pour l’anecdote, le nombre 70 n’est pas sans évoquer un épisode marquant de l’histoire du peuple juif. Les plus cultivés de mes lecteurs auront en effet associé ce nombre à la traduction des Septante. Selon la tradition, le texte biblique originellement écrit en hébreu aurait été donné à traduire en grec à 70 traducteurs, à Alexandrie, au 2e ou 3e siècle avant J-C. Et par miracle, les 70 seraient tombés sur exactement le même texte, signe céleste pour marquer l’unicité du message divin. Cependant, cet épisode est considéré comme semi-tragique, car il permettait, par l’accès au texte sacré dans une langue profane, une assimilation rapide du peuple juif à d’autres cultures.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Bjr
Mais ils étaient invités non? ça a au moins le mérite de démontrer qu’ils font chier le monde entier de leur propre chef.
Et si le monde entier arrêtait de les faire chier sous prétexte de poser en faiseur de paix?
C’est quand même dérisoire et même bizarre d’ironiser sur les gens de bonne volonté qui essaient seulement d’aider à la paix. On ne peut pas dire que les parties montrent des signes de bonne volonté. Depuis le temps.
« quelques milliers d’euros », c’est plutôt gentil. Ce genre de conf avec 70 pays venus du monde entier, c’est quelques centaines de personnes qui prennent l’avion et c’est des centaines de jours travaillés (pour préparer et sur place).
Le coût global de cette petite plaisanterie se chiffre plutôt en millions d’euros.
Et ce serait intéressant de disposer du bilan carbone.
La paix est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des diplomates.
Tu as raison, j’ai sous-estimé d’un ordre de grandeur…
Rien d’anormal à l’absence des principaux intéressés. En France, au moins, les enseignants jugent les élèves en leur absence. Idem pour l’État, qui, depuis la nuit des temps, fait notre bien contre notre volonté.
Platon l’a très bien expliqué. Il y a des « idées ». Des gens qui y ont accès, et d’autres pas. Les élus ne sont pas ceux qu’on croit.
Cela présente au moins un avantage à mettre à l’actif de la France : pour la première fois depuis le début du « conflit », tous les participants étaient d’accord. La photo me donne envie de faire le commentaire suivant : « Trouvez Charly » (de Bab El Oued, bien sûr)
Rien à voir avec le sujet (quoique) mais à priori, la photo étant petite, 3 femmes sur 70 dirigeants, ça fait 4 % de féminisation. Y’a encore du boulot !