Plus qu'un mois pour vous inscrire au programme Stanford Ignite Paris

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Connaissez-vous Stanford Ignite? Il s’agit d’un programme éducatif, développé par l’Université de Stanford, à l’intention des porteurs de projets innovants (créateurs d’entreprise, responsables innovation, etc.), et qui leur permet de compléter un savoir scientifique ou technologique avec des connaissances plus orientées « business ». Une formation un peu paradoxale, dans notre paysage national, plus friand d’hyper-spécialisation que de pluridisciplinarité.

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Il faut dire que peu de diplômés d’écoles d’ingénieurs se lancent réellement dans la création d’entreprises innovantes. Quelques exceptions existent pourtant, des ingénieurs fraîchement diplômés qui n’hésitent pas à créer des startups dans des domaines variés, et j’espère sincèrement que cette tendance va s’accroître dans les prochaines années. Mais combien iront suffisamment loin pour créer les Google, Facebook ou Amazon nationaux?

Il y a sans doute plusieurs raisons pour expliquer ce déficit.

La première raison, c’est sans doute du côté des futurs ingénieurs qu’il faut le chercher: ils ne jurent que par les maths et la physique, se préservant de toute culture managériale, économique, marketing ou commerciale, dans une sorte de cloisonnement dédaigneux. Ces viles matières ne sont, après tout, qu’une perte de temps, en comparaison des matières les plus nobles, n’est-ce pas? N’appelle-t-on pas les étudiants d’écoles de commerce des « épiciers », dans une formulation des plus péjoratives pleine d’arrière-pensées?

Or, si l’excellence scientifique, technique ou technologique est un élément fondamental pour assurer la réussite des entreprises innovantes, elle n’en est absolument pas le garant. Combien de startups créées par des esprits brillants, sur la base d’idées fulgurantes, ne ce sont pas crashées par manque de vision commerciale, ou par absence de culture managériale? La vente, la facturation, la gestion de la trésorerie sont des éléments critiques sur le parcours d’une jeune entreprise.

La seconde raison à mes yeux, c’est l’absence d’exemples nationaux, de portes-drapeaux dotés d’une visibilité et d’une notoriété suffisante pour susciter de nouvelles vocations. En France, on est sans doute plus admiratif du vainqueur du concours Lépine, que d’un Xavier Niel ou d’un Bernard Charlès. Est-ce par manque d’ambition, par aversion au risque, ou simplement par incompréhension des transformations radicales qu’a connu le monde civilisé en un siècle? Nos compatriotes se satisfont de paradigmes élaborés à l’heure ou la spécialisation était la règle, alors que modernité rime aujourd’hui avec pluridisciplinarité.

La troisième raison, c’est aussi du côté des formations qu’il faut la chercher. Rares sont les filière pluridisciplinaires, en réalité. Aucune école de commerce ne vous formera au développement de logiciels, aucune école de médecine ne vous enseignera le marketing. On rejoint le premier point, mais cette fois, du côté du système éducatif lui-même. Quand on choisit une filière, il est quasiment impossible d’en changer – à titre personnel, il m’aura fallu plus de vingt ans pour passer d’une culture d’ingénieur à métier de communicant, dans une sorte de coming-out qui fait encore sourire certains de mes amis. C’est ce qui différencie notre système, fort d’une tradition d’excellence, mais sérieusement secoué par les autres systèmes éducatifs: quand on choisi tune voie, c’est pour la vie.

Quelle erreur! Au contraire, les grandes universités américaines favorisent cette pluridisciplinarité, qui garantit l’essor d’idées novatrices, par le croisement de profils et de cultures variés. Si Facebook et Google font partie des entreprises qui dominent le web et les technologies, il faut aussi se rappeler que Zuckerberg, bien qu’habile développeur, a suivi un cursus de psychologie qui ferait fuir n’importe quel taupin, alors que Sergei Brin et Larry Page sont à la tête non seulement d’une société technologique, mais sans doute de l’un des acteurs les plus monopolistiques de l’univers de la publicité.

Si j’avais un conseil à prodiguer à de jeunes ingénieurs en devenir, c’est sans doute de se lancer dans cette approche pluridisciplinaire, de s’ouvrir à d’autres enseignements, à d’autres matières qui leur permettront de prendre du recul par rapport à leur parcours professionnel naissant, et d’éviter de suivre une voie qui les mènerait sans doute à se poser de graves questions personnelles concernant leur trop forte spécialisation, la quarantaine approchant.

Le programme Stanford Ignite, mené en partenariat avec l’Ecole Polytechnique, relève de cette approche que j’appelle de mes voeux. Il s’agit d’un programme payant, qui s’adresse probablement plus à des ingénieurs ayant deux ou trois ans d’expérience, qu’à des étudiants juste sortis d’école ou d’université. La qualité des contenus proposés et la durée somme toute modeste du programme certifiant (une centaine d’heures concentrées sur deux mois) devraient en intéresser plus d’un.

Attention, la date limite pour les inscriptions est au 10 juin: c’est le moment de prendre une décision qui pourrait, fort probablement, changer le cours de votre existence!

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