L’univers chiffonné

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Un de mes amis Facebook, qui se reconnaîtra sûrement(*), avait vanté les mérites de ce petit livre au format poche de 500 pages, assez dense et d’une lecture pas toujours facile, consacré à la topologie de l’univers. Je n’ai pas été déçu. Même s’il date un peu, et si apparemment les pistes qu’il propose sont apparemment contredites par les récentes découvertes, l’ouvrage de Jean-Pierre Luminet mérite une lecture attentive de la part de tous ceux qui s’intéressent aux maths, à l’univers et au monde qui nous entoure.

univers chiffonnéL’univers chiffonné s’intéresse donc à la topologie de l’univers. Par topologie, entendons la forme de l’espace qui nous entoure. Est-il fini ou infini, creux, recourbé sur lui-même, bref, est-il chiffonné. Cela vous paraît incongru? C’est que vous vous appuyez sur une conception plutôt classique de l’espace, en lui prêtant à grande échelle les propriétés de l’espace local qui vous entoure. Or rien n’est plus inapproprié. Car à mesure qu’on s’intéresse aux grandes distances et aux grandes vitesses, l’univers ne respecte plus les règles des espaces euclidiens auxquels nous sommes habitués, nous petits terriens à la vie rangée. La relativité a tout fait exploser. L’espace est courbe, et les géométries euclidiennes ne sont plus opérantes.

Pire, en abordant une approche purement mathématique, les physiciens modernes imaginent toutes sortes de formes que l’espace pourrait prendre, dans lesquelles la relativité serait respectée, mais où les propriétés purement spatiales deviennent déroutantes. L’espace pourrait, par exemple, avoir la forme d’un tore: il n’existerait dès lors plus un seul trajet entre deux points de l’espace, mais une multitude de trajets, certains effectuant plusieurs tours avant d’atteindre leur cible.

La conséquence de cette approche, celle des univers multi connexes, c’est que loin d’être infini, notre univers pourrait être fini, l’immensité du ciel devenant une illusion d’optique produite par la répétition de l’image de mêmes objets célestes, les rayons lumineux qui en émanent pouvant venir de multiples directions…

Cela ne vous paraît pas très clair? Rien d’inquiétant, il faut un peu de temps pour se familiariser avec les concepts introduits par Jean-Pierre Luminet dans l’Univers chiffonné. Quand bien même seraient-ils faux, ou contredits par la réalité expérimentale, ils ont le mérite de nous pousser à une réflexion en dehors du cadre de nos approches classiques.

Quant au livre lui-même, sa construction n’est pas simple, non plus. L’auteur propose de multiples références à des chapitres disséminés un peu partout, à la manière de liens hypertexte, pour creuser certains concepts mathématiques. Jean-Pierre Luminet est assez fier de sa construction arborescente, mais une structure à base d’appendices et de références aurait suffi sans ce formalisme un peu bizarre. Une fois qu’on a achevé la lecture de cet ouvrage, on sort néanmoins avec des idées assez claires sur une multitude de concepts qu’on a assez rarement l’occasion de rencontrer. Au passage, j’ai enfin compris sur quoi était fondé le film Interstellar

(*) merci Robert.

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