Bernard Pivot, des lettres et des chiffres

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Il arrive parfois que eux événements se percutent à quelques jours d’intervalle, apportant un éclairage différent sur l’actualité. C’est ainsi qu’après l’annonce de la disparition de l’émission la plus ancienne de la télévision, Des chiffres et des lettres, nous apprenons la disparition d’une autre grande figure de la télévision, Bernard Pivot.

Consonne, consonne, voyelle

Des chiffres et des lettres, ou plutôt « les chiffres et les lettres », comme nous l’appelions communément, était un jeu télévisé comme on en faisait dans les années 70. C’est à dire très différent des jeux actuels, qui servent plus à meubler le temps entre deux séquences publicitaires qu’à instruire le téléspectateur. Avec DCDL, on jouait, mais on apprenait également. Lorsqu’un mot bizarre était proposé par un des joueurs, un des animateurs, Max Favallelli si mes souvenirs sont bons, en donnait une explication, puisée dans le dictionnaire qui se trouvait devant lui. Et lorsqu’aucun des deux protagonistes ne trouvait de solution au petit problème de calcul dans le temps imparti, le troisième animateur nous en servait une illico.

Le principe était simple. Deux joueurs étaient opposés dans une succession d’épreuves : trouver le plus long mot extrait de 8 ou 9 lettres, je ne sais plus exactement, puis calculer un nombre à trois chiffres en utilisant 6 nombres pris au hasard parmi 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 25, 50, 75 et 100, et uniquement les opérations arithmétiques simples. Un émission type se déroulait en une quinzaine de minutes, sur plusieurs séquence comprenant deux épreuves lettres et une épreuve de calcul.

C’est qu’il fallait savoir calculer vite, très vite parfois. C’es grâce à cette émission que j’ai appris perfectionné mes capacités de calcul mental pendant l’école primaire, en maîtrisant par exemple la table de 25. Parfois, la solution était si évidente que ma soeur et moi cherchions à trouver deux ou trois manières différentes d’obtenir le résultat recherché.

Bernard Pivot

Bernard Pivot n’avait rien à voir avec Des chiffres et des lettres. Son émission s’appelait Apostrophe, et ne parlait que de belles lettres. D’ailleurs ce n’était pas un jeu, mais une émission de plateau, réunissant 4 à 6 invités le vendredi soir, à partir de 21 heures ou 21 heures 30. Vendredi soir, donc en plein chabbat, et nous devions utiliser une minuterie, nous juifs pratiquants mais obsédés par le savoir, pour la suivre.

Pivot était un animateur comme je n’en ai jamais vu depuis. Avec une sélection d’auteurs parfois assortis, parfois complètement antinomiques, il parvenait à composer, chaque semaine, une émission qui ne nous laissait jamais déçu. On y découvrait des auteurs, parfois étrangers, parfois étranges, comme ce monsieur bizarre, petit barbu parlant d’astronomie, Hubert Reeves, récemment disparu lui aussi.

Bernard Pivot était aussi capable de sortir de son train-train habituel. Il avait lancé une opération amusante, une dictée réputée difficile, qu’on pouvait faire à la maison en même temps que des milliers d’autres personnes (je crois ne l’avoir jamais faite, car si mes souvenirs sont bons, elle se déroualti elle aussi le chabbat…). Une année, il participa aux commentaires d’une Coupe de mon de football, car il vouait une réelle passion pour ce sport.

Et quelques années plus tard, il anima un compte Twitter avec beaucoup d’humour, une vaste culture et la rigueur intellectuelle dont il ne s’était jamais départi durant sa carrière à la télé. Comme dans ce tweet, l’un des derniers qu’il publia il y a quelques mois…

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