Amazon et Monoprix: le jour où l’agneau épousa le loup…

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C’est officiel, Casino devient le premier distributeur français à s’allier avec Amazon. Les utilisateurs du service Amazon Prime pourront donc désormais commander les produits alimentaires vendus dans les Monoprix. Plus besoin de sortir de chez soi pour acheter des tomates, des bananes ou le jus d’orange du matin: il suffira de passer la commande dans l’après-midi pour être livré en une ou deux heures (avec un supplément pour une livraison en une heure).

Pour l’instant, si vous cherchez « tomates » sur Amazon, vous tombez sur ceci.


Commander des tomates sur Amazon, Mais oui, c’est possible!

Certes, sémantiquement c’est correct. Mais pour l’amateur de coeur de boeuf qui cherche à confectionner une salade pour accueillir ses invités, c’est un peu léger (à moins qu’il ou elle ne s’arme de patience…)

Mais demain? Demain, le même utilisateur tombera probablement sur des produits frais. Vous me direz que c’est probablement déjà le cas pour tout internaute qui se rend sur la boutique en ligne d’un autre distributeur, comme Ooshop (Carrefour) ou Auchan. Oui, mais ici, on parle d’Amazon, d’un groupe qui a non seulement fait de la livraison express son cheval de bataille, mais qui est parvenu à offrir une qualité de service quasiment inégalée, sur de nombreux produits.


Sur Ooshop, le choix de tomates est plus large, mais pas de Coeur de boeuf…

On parle également d’une entreprise qui a fait de la data son cheval de bataille bien avant que le terme « big data » ne soit devenu d’usage courant. On pense souvent que des GAFA, c’est Google ou Facebook qui nous connaissent le mieux. Je reste convaincu, pour ma part, que c’est Amazon qui tire le mieux son épingle du jeu, car cette entreprise connaît nos habitudes de consommation, et non uniquement nos habitudes de loisirs ou notre historique de recherche. Dis moi ce que tu achètes, je te dirais ce qui te manque… (à défaut de te dire qui tu es).

Alors bien sûr, du côté de Casino, un tel accord est probablement vu comme un succès, un formidable accélérateur de business. C’est aussi ce que pensent les marchés: mardi 27 mars matin, l’action Rallye (la holding de Casino) affichait un +9% à l’ouverture. Peut-être ont-ils estimé que ce deal serait la première pierre vers la cession de l’activité Monoprix au géant de l’e-commerce américain ?

Mais j’invite celles et ceux qui ont conclu le deal, si ce n’est déjà fait, à lire (ou relire) la biographie non officielle de Jeff Bezos. Et d’imaginer ce qu’à court ou moyen terme signifie l’irruption d’Amazon dans cet univers où les enseignes se livrent déjà à une féroce concurrence.

L’accord annoncé aujourd’hui est le mariage du loup et de l’agneau. Et comme le disait Woody Allen, aux temps messianiques, le loup et l’agneau dormiront ensemble, certes, mais l’un des deux dormira moins longtemps…

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