Pierre Lafitte

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L’ancien sénateur Pierre Lafitte nous a quittés. Polytechnicien, il est considéré comme le père fondateur de Sophia-Antipolis, ce lieu magique qui aurait pu devenir la Silicon Valley française, si notre pays n’était pas aussi centralisé. De fait, même si l’on trouvait à Sophia-Antipolis un laboratoire de l’INRIA, ainsi que d’autres centres de recherche, des logements pour les étudiants venus des quatre coins du monde (en théorie), le secteur n’a jamais vraiment réussi à décoller pour atteindre la réputation des alentours de San Francisco.

Le site du laboratoire de l’INRIA, à Sophia Antipolis

Je garde un excellent souvenir de Sophia-Antipolis. J’y ai effectué deux stages, au sein du laboratoire de l’INRIA, à la fin des années 80. Je m’y étais perfectionné sur les langages objets et sur l’intelligence artificielle, à grandes doses de Smalltalk et de Lisp (le fameux Le Lisp, inventé par Jérôme Chailloux).

Je garde également un autre souvenir de Pierre Lafitte. C’était en 1994, Hubert Levy Lambert avait fondé le groupe X-Israel, et avait organisé, à l’occasion du bicentenaire de l’école Polytechnique, un voyage de découverte d’une semaine, début mai. C’était, si mes souvenirs sont bons, la semaine qui avait suivi le décès d’Ayrton Sena, ainsi que la séquence tragi-comique où Yasser Arafat avait refusé de signer les accords de paix, au Caire.

Pierre Lafitte faisait partie de ce voyage, avec d’autres personnalités comme Raymond Levy et l’ancien ministre de la défense André Giraud. L’attrait de Pierre Lafitte pour les clusters technologiques l’avait sans doute motivé à faire le déplacement d’une semaine, un road-trip assez intense d’une semaine pour une personne de 70 ans. Mais cela ne lui posait pas de problème : c’était un aventurier. Je me souviens de sa dégaine si particulière : il voyageait léger, n’emportant que peu d’affaires avec lui, et faisait, semble-t-il, une lessive tous les soirs pour maintenir ses vêtements propres. Cela m’a profondément marqué, et j’ai gardé cette habitude de voyager léger : j’achète un berlingot de lessive dès le premier jour de déplacement lors des vacances d’été, et fais ma lessive tout seul, à la main, comme à l’armée.

En revanche, je n’ai pas réussi à transmettre cette habitude à mes enfants, qui préfère voyager en pleine charge…

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