Parrainage artistique

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Quelle différence y a-t-il entre leEmmanuelMacron de 2017 et le Emmanuel Macron de 2022 ? Peu de choses. Cinq années de plus. Une véritable expérience du pouvoir. Et surtout, une tactique différente de gestion de sa candidature. Alors que le Macron 2017 était tout fougueux, s’était positionné très tôt dans la campagne, en quête de parts de marché (électoral, bien sûr), candidat déclaré dès l’automne 2016, celui de 2022 apparaît plus mesuré, plus précautionneux, attendant le dernier moment pour se déclarer, comme Nicolas Sarkozy en é012 (avec le succès qu’on a pu apprécier à cette époque).

Candidat déclaré vs. crypto-candidat, est-ce bien raisonnable ?

Deux remarques viennent pondérer ce propos. Tout d’abord, autres temps, autres priorités : le candidat de 2017 était un inconnu du grand public. Telle une marque en recherche de nouveaux consommateurs, il lui fallait faire le plus de bruit possible, pour attirer les regards. Il fallait créer un parti, un mouvement, sans tomber dans le piège d’être comparé à feu l’UMPS cher aux Le Pen. Il lui fallait se dé-marquer. Le Macron de 2022 doit lui aussi se démarquer, mais justement, en étant candidat sans l’être vraiment. Oui, il se tâte, il en a envie, il en fait part aux français à la télévision. En réalité, on sait très bien qu’il sera candidat, et que, comme le rappellent ses adversaires, c’est pour ne pas que son temps de parole lui soit décompté qu’il retarde sa candidature au dernier moment.

L’autre remarque, c’est que Macron est un habitué de la dissimulation. Il a su préparer sa candidature de 2017 bien avant de la déclarer. De son entourage professionnel de l’époque, François Hollande était peut être le seul à ne pas comprendre ce qui se tramait, ou du moins le dernier à en prendre conscience. Préparer en secret, c’est le secret des grands dirigeants : commander c’est prévoir, apprend-on à l’armée. Commander, c’est préparer, anticiper, et les grandes occasions se préparent dans la discrétion.

Le petit jeu aurait pu durer très longtemps, s’il n’y avait eu le conseil constitutionnel, et les changements induits par la modernisation de la société française, jusque dans le déroulement de la campagne présidentiel. Le conseil permet désormais de consulter la liste des soutiens aux candidats – vous savez, les 500 signatures nécessaires pour pouvoir prétendre à la fonction suprême. Il y existe un site dédié pour cela, https://presidentielle2022.conseil-constitutionnel.fr/, avec une page où l’on peut consulter ces parrainages, et même les télécharger, au format CSV ou XLS (vive l’Open Data !).

Les data-scientistes vont s’en donner à coeur-joie. Ils découvriront bien sûr les noms, mais aussi les fonctions, les villes, peut-être même les départements dont sont issus les parrains. Ils pourront faire des stats sur leurs prénoms, et la vitesse de progression du nombre de parrainages, notamment du côté de Marine Le Pen, qui peine à décoller…

Cliquez sur l’image pour consulter la liste de tous les parrainages

Or qu’apprend-on ?

ET bien que parmi les 313 parrainages déjà reçu à la date du 1er février 2022, soit 70 jours avant l’élection, un bon tiers concernent un individu dénommé Macron Emmanuel, président de la république de son état, et qui, comme vous l’avez compris si vous avez lu ce qui précède, n’a toujours pas déclaré sa candidature.

C’est-y pas beau, ça ? 100 gusses, et pas des moindres, des élus, des représentants de la nation, qui déclarent leur amour à un candidat nullement déclaré ?

Il va avoir beau jeu de nous expliquer qu’il hésite encore, le non-déclaré…

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