Niklaus Wirth

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J’aime bien, sur ce blog, rendre hommage à quelques grandes figures de l’informatique, comme Abraham Lempel, Tim Berners-Lee, Paul Allen ou Gordon Moore. Les presque quarante années que j’ai passé dans ce domaine, et ma curiosité naturelle m’ont amené à croiser – sur le papier – les aventures de personnages extraordinaires, qui ont posé les fondamentaux de l’informatique moderne. Leur histoire, et leurs contributions, sont au moins aussi intéressantes que celle de figures plus récentes comme celles de Sam Altman ou d’Elon Musk.

Niklaus Wirth, père de Pascal

Voici donc Niklaus Wirth. Son nom ne dit rien au grand public, et les medias ont peu parlé de lui (à part Le Temps, probablement pour des raisons patriotiques…). Mais il fut un chercheur et un professeur assez étonnant. D’origine Suisse, il étudia puis enseigna à l’Institut polytechnique fédéral de Zurich. Ses travaux portèrent sur les langages informatiques, et il est le père d’un des langages les plus utilisés au début des années 80, le langage appelé Pascal. C’est avec Pascal que je fis mes premières armes à Télécom Paris, développant de jeux comme Memory, et l’interface d’un projet de visualisation 3D (en Turbo Pascal, avec l’aide d’Armand Castiel qui m’appris à faire des menus très rapides, en tapant directement dans la mémoire graphique du PC…). Il est également le père de Modula 2, un des premiers langage disponibles sur Atari ST dans les années 80.

Niklaus Wirth est également réputé pour deux contributions originales au monde de l’informatique. La première, c’est d’avoir établi ce qu’on appelle la Loi de Wirth, qui affirme que « les programmes informatiques ralentissent plus vite que les performances du matériel ne croissent ». Et si vous couplez cela avec la loi de Moore, cela signifie que le niveau moyen des informaticiens va en décroissant…

Loi de Wirth vs. loi de Moore

Tout informaticien de ma génération en a eu l’illustration au moins une fois dans sa vie. Pour moi, ce fut le passage de la V4 à la V5 de Catia. On aurait pu croire qu’en allant sur du matériel plus puissant, les calculs seraient plus performants. Et bien il m’en fut rien, du moins dans les premiers temps. Le réflexe de l’informaticien moyen, quand on lui donne de la puissance et de la mémoire, c’est de se vautrer, au détriment de la montée en puissance.

La seconde est encore plus originale. Doté d’un patronyme relativement difficile à prononcer, Niklaus Wirth constata que si en Europe on arrive à peu près à prononcer correctement son nom, il n’en est rien aux US, où il était souvent appelé nickel worth. Il ajoutait alors, avec cet humour si particulier des chercheurs capables, dans une démarche d’auto-dérision, de faire appel à des concepts sophistiqués dans des phrases simples, qu’on pouvait considérer qu’il était appelé par son nom en Europe et par valeur aux Etats-Unis (called by name in Europe and called by value in America).

Pour aller plus loin…

  • Bertrand Meyer lui rend également hommage sur Twitter, un post dont les commentaires valent le détour.

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