Ne dis pas ton nom, et cache-toi
Je suis souvent étonné par l’ignorance de nombre de mes compatriotes sur la Shoah. Il existe pourtant une multitude de moyens de s’informer sur ce qui se passa durant cette terrible période, qui vit l’anéantissement de communautés entières, l’élimination de millions d’individus pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Mais les témoignages directs des derniers survivants se font rares. Il faut se tourner, désormais, vers la génération suivante, dernière dépositaire de la mémoire de cette période. Le livre de Colette Zeif en fait partie.
Née de parents juifs polonais arrivés en France dans les années vingt, Colette et sa soeur virent leur mère embarquée, sous leurs propres yeux, lors de la rafle du Vel d’Hiv. Colette avait six ans, sa soeur onze de plus. Les deux enfants, livrées à elles-mêmes, purent compter sur la solidarité de quelques membres de leur famille pour s’enfuir, puis sur celle de familles, juives ou non juives, pour les cacher. Et notamment les époux Beyrand, qui gardèrent Colette Zeif pendant près d’une année. Au terme de ces trois années, Colette et Jacqueline Zeif se retrouveront orphelines de père et de mère, et devront apprendre se reconstruire.
De cette période terrible, qui dura trois longues années, ainsi que des années qui la précédèrent, Colette Zeif garde quelques souvenirs, qu’elle partage dans son récit autobiographique. Ce sont des souvenirs poignants, parfois imprécis, parfois bien spécifiques, comme si la jeune fille avait tenté durant ces trois années de garder en mémoire tout ces éléments qui l’associaient à sa mère, d’une coupe de cheveux à l’odeur d’un parfum. Ne dis pas ton nom et cache-toi n’est pas un livre d’histoire, mais le livre d’une histoire. C’est le témoignage d’une gamine, perdue sans sa maman et son papa, qui ne comprend pas ce qu’est la guerre, et pourquoi on en veut tant aux juifs – d’ailleurs, que peut bien signifier ce terme pour une gamine de six ou huit ans?
C’est un livre accessible, à faire lire aux enfants avant de leur faire lire des ouvrages plus difficiles sur la Shoah, une fois qu’ils sont prêts à comprendre ce que la barbarie nazie a pu entreprendre, en Europe, il y a moins d’un siècle.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec