Les juifs de France en berne…

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Alors que la France se divise sur l’opportunité de poser des drapeaux palestiniens sur le fronton des mairies de l’hexagone, les juifs de France s’apprêtent, eux, à passer une fête au goût amer. Bizarre, pour un jour de l’an durant lequel on est censé, selon la tradition, noyer toute nourriture dans torrent de sucre et de miel afin que l’année qui vient soit douce et légère…

Il faut dire que le choix du président Macron pour reconnaître un état palestinien ne pouvait plus mal tomber. Julien Bahloul l’a exprimé dans un tweet pour lequel on lui a reproché de mélanger religion et politique, mais dans lequel, en réalité, il n’a fait que dire tout haut ce que beaucoup de juifs pensaient tout bas. S’exprimer à l’ONU un soir de Rosh Hashana pour reconnaître un état palestinien, deux ans après le massacre du 7 octobre, n’augure rien de bon. Encore heureux qu’il n’ait pas choisi la veille de Soukot le 6 octobre prochain, comme le disait un de mes voisins à la synagogue la semaine passée…

Les supporters de la macronie pourront dire ce qu’ils voudront, que la date était imposée par le calendrier de la 80e session de l’ONU, ou qu’en procédant ainsi, l’Autorité palestinienne pourra reprendre le dessus sur le Hamas, tout cela, c’est du flan, du discours de façade, aussi creux que la stratégie présidentielle depuis le début de son premier septennat. Qui peut croire que Mahmoud Abbas, qui ne représente plus que lui-même, peut encore redorer son blason ? Qui peut croire que le Hamas ne criera pas victoire après cette reconnaissance absurde, d’un état sans frontière, sans capitale, sans constitution, sans armée, sans police, et probablement sans avenir ?

Emmanuel Macron, avec cette décision unilatérale, aura fait ce qu’il sait si bien faire depuis 2017 : prendre tout le monde de haut en se prenant pour un expert en stratégie et en géopolitique, pour arriver à l’inverse du résultat espéré. Il a souhaité refondre le paysage politique français, il n’a réussi qu’à enterrer les anciens partis et renforcer les extrêmes. Il a voulu réformer les retraites, il s’est pris camouflet sur camouflet. Il a joué l’assemblée nationale aux dés, a perdu, et a mis la Ve République dans la panade, revenant à un semblant de IVe République. Il veut probablement se voir attribuer un Nobel de la paix et devancer un Trump qui aimerait lui aussi se voir récompenser de la même breloque, mais il risque plutôt de mettre de l’huile sur le feu.

Qu’adviendra-t-il de cette reconnaissance inopportune, qui permet à la France de rejoindre un club de pays réputés pour leurs qualité démocratiques, comme la Chine, l’Irak, la Mauritanie, l’Algérie et j’en passe ? Alors certes, la France ne sera pas seule, elle sera accompagnée d’autres grandes nations, comme le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie.

Mais après ?

Après, il faudra se poser la question de l’impact sur la communauté juive de France, la 3e au monde après Israel et les Etats-Unis, qui se sent lâchée par un président qui n’a pas daigné se mêler au reste du peuple pour manifester contre l’antisémitisme en novembre 2023. elle se sent lâchée par un président spécialiste de ce genre de tour de passe-passe qui rend indigne toute politique étrangère, et se galvanise de la libération par l’Autorité palestinienne d’un soi-disant cerveau de l’attentat de la rue des rosiers, dont tout le monde savait qu’il se cachait dans les territoires occupés, alors qu’un autre terroriste palestinien, lui, a bel et bien été relâché et renvoyé au Liban, d’où il n’a pas manqué d’appeler à poursuivre « la lutte contre l’entité sioniste ».

Macron ne le comprend pas, ou fait semblant de ne pas le comprendre, mais il est en train de perdre la communauté juive. Ou plutôt de creuser un fossé d’incompréhension entre ses concitoyens juifs, et ses dirigeants. S’il se prenait un peu moins pour Jupiter et écoutait ce que pense le juif de France lambda, il réaliserait que la grande majorité ne voit plus son propre avenir ou l’avenir de ses enfants en France.

Mais après tout, peut-être n’en a-t-il rien à foutre. Peut-être que son prochain job, ou son prochain employeur, ne serait pas si fâché que cela de voir la France débarrassée de cette population que de Gaulle n’avait pas hésité à qualifier de « peuple d’élite(s), sur de lui et dominateur« . Macron, gaulliste de série B avant de devenir palestinien d’honneur, est allé au bout de sa logique du en même temps, en nous offrant ce grand numéro de grand écart : la reconnaissance d’un état palestinien, mais l’interdiction de poser des drapeaux palestiniens aux mairies. Avec free Palestine, lui, il n’a rien compris…

Mardi matin, à l’heure où le maire de la ville où je réside viendra présenter ses voeux à la communauté locale, je me demande ce que penseront mes petits camarades, si respectueux, si prompts chaque samedi à prononcer la bénédiction pour la République, qui invoque la protection divine sur la République française et le peuple français. Je me demande ce qu’ils penseront au moment où notre rabbin appellera le tout puissant à diffuser sa lumière pour éclaire ceux qui président aux destinées de l’état.

Il serait temps qu’il s’y mette…

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