Le 21e siecle sera convergent
Déjà sept années de ce siècle ce sont écoulées, et il me semble que le maître mot des années à venir sera "convergence". Le couteau suisse en sera le modèle, à moins que ce ne soit le robot Kenwood. C’est en tout ca le sentiment que j’ai depuis ce matin. Plusieurs signaux de convergence sont émis, en voici certains que j’ai réussis, sans grand epeine à décoder, peut-être en avez-vous noté d’autres?
- Chez moi, le même fil – pardon, le même câble – achemine les conversations téléphoniques, la télévision et le flux Internet.
- Mon téléphone ne me sert plus uniquement de téléphone, mais également d’appareil photo, de camera video, de carnet d’adresse, d’agenda, de tableur Excel, de console de jeux, et même … de lampe de poche quand je dois remplacer une ampoule grillée d’accès difficile .
- Mon ordinateur me sert non seulement de télévision, de magnétoscope, de radio, de chaine stereo, mais aussi d’atlas, d’encyclopédie, de bouquin de maths et de boite aux lettres
- Mon prochain véhicule – un Honda FR-V, il mérite un billet à lui tout seul, celui-là – sera à la fois un monospace, un utilitaire, un 4×4 et doté de performances sportives acceptables
Mes ce qui m’obsède depuis ce matin, ce n’est pas la convergence des outils ou des moyens de diffusion, c’est la convergence des contenus. Kesako? Et bien il me semble que les contenus développés pour un media donné sont désormais conçus pour être adaptable à tous les médias. Adieu à la diversité. Vous sortez un film? Sa trame doit être insignifiante, pour pouvoir passer du grand écran à la télévision sans nécessiter d’adaptation. Vous sortez un livre? Il doit être écrit pour servir de scénario à un film dont la trame sera tellement insignifiante qu’il pourra passer à la télé…
Quelques exemples de convergence des contenus? Deux films, vus ces deux derniers jours.
- Bad Company, polar humoristique diffusé par TF1 dimanche soir, dont le scenario original associe un looser et un agent de la CIA. C’est filmé comme une série, une musique insupportable accompagne le film de bout en bout (ça, c’est la touche Joel Schumacher), et on en ressort avec l’impression d’avoir vu un Starsky et Hutch un peu plus long que d’habitude.
- Si c’était lui…, comédie actuellement sur les écrans, où Carole Bouquet et Marc Lavoine content l’hisoire d’amour impossible entre un nouveau SDF et une bobo qui écrit des livres à succès sur comment s’affranchir du racisme et des barrières sociales. L’histoire est (presque) originale, les acteurs sont ravissants, on tenait enfin un film sur le droit au logement, la pauvreté, la misère, les SDF, qui plus est avec une actrice engagée mais … c’est filmé comme un téléfilm du mercredi soir, et passé deux ou trois petits sketchs, on reste sur sa fin. Un film fait pour la télé.
Oui, le couteau suisse est partout, des contenants aux contenus. Il faut être con pour ne pas s’en rendre compte.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec