La lumière ne ment pas

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Que faut-il pour construire une dictature ? Trois constituants me semblent fondamentaux. Tout d’abord un leader emblématique, que le pauvre peuple va suivre dans son chemin tortueux vers un régime de plus en plus autoritaire. Deuxièmement, un appareil policier ou militaire au service du précédent, de sorte que toute forme de contestation soit sévèrement réprimé ou étouffé. Troisièmement, enfin, un organe en charge de la propagande, et qui aura pour but de faciliter le travail du second constituant, en faisant croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Appliquez ce modèle à bon nombre de régime autoritaire, et vous verrez qu’on retrouve ce triptyque à presque tous les coups.

Maintenant, que peut-on en faire ? Et bien on peut s’appuyer là-dessus pour démontrer la dérive autoritaire d’un régime, et sa tendance à se diriger vers une dictature… Or s’il est facile de montrer les contradictions et les extravagances du premier constituant, ou de dénoncer les actes répréhensibles du second, comment faire pour mettre en évidence le niveau de propagande et de mensonge mise en oeuvre par le troisième ? Après tout, un bon travail de propagande commence, avant tout, par effacer toute trace de mensonge. Et donner les apparences d’une bonne vieille démocratie, certes un peu autoritaire, mais rien de plus.

Dans un récent numéro de The Economist, un chercheur en économie propose une façon originale d’estimer le niveau de propagande : en étudiant un proxy, un indicateur fortement corrélé au niveau de mensonge. Sa démarche s’applique à démontrer les mensonges de ces types de régime, en ce qui concerne leurs performances économiques annoncées. Et pour cela, l’économiste en question, Luis Martinez, propose de s’appuyer sur une mesure simple à réaliser de nos jours : la quantité de lumière nocturne émise par chaque pays.

L’analyse s’appuie sur la forte corrélation entre cette quantité de lumière, et l’économie d’un pays. Un pays en forte croissance tend à diffuser plus de lumière qu’un pays contraint à un train de mesures de restriction de la consommation.

Source : The Economist

Par cette approche originale, Luis Martinez met en évidence les mensonges économiques des pays situés sur le graphe de droite : Russie, Turquie, Chine ou Kazakhstan annoncent des performances qu’une observation par satellite ne corrobore pas.

La lumière est ainsi faite sur des mensonges d’état.

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