Idéaux et débats

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On prend les mêmes et on recommence … Le débat de l’entre deux tours, tel qu’il se présente ce soir, fait penser à la chanson de Serge Gainsbourg, « Bonnie and Clyde » : « ça vous a plu, vous en d’mandez encore ?« . Ou un match OM-PSG, une sorte de Classico de la politique française.

Ou à une revanche pour un titre mondial, entre deux boxeurs.

À ma droite, tout au bout à droite avant le petit burn, Marine, 54 ans, 1m70 pour 60kg, une bête de scène, ce qu’elle touche, elle le détruit. À ma gauche – selon ses dires, mais avec une tendance à repiquer vers la droite – Emmanuel Macron, 45 ans, 1m73 pour 70kg, il pourrait passer pour un poids léger mais il détient le titre depuis cinq ans, et personne n’a jusqu’à présent réussi à le détrôner (facile, contrairement à la boxe, en politique, les matchs ont lieu une fois tous les 4 ou 5 ans selon les pays).

En attendant le 3e tour

Sauf qu’il n’y a rien de classique dans ce débat là. Ce n’est que la troisième fois qu’un candidat de l’extrême droite se retrouve au second tour, et la seconde qu’il – elle, en l’occurrence – participe à un tel débat. Un débat qui oppose deux candidats qui a eux seuls représentent deux tiers des suffrages exprimés au premier tour. Mais que signifiera-t-il aux yeux du tiers dont le représentant sait déjà que tout se jouera au troisième tour ?

Un débat qui oppose aussi deux visions du monde. Schématiquement, une candidate qui souhaite le repli de la France sur elle-même, face à un adversaire qui, après avoir vanté les mérites de la mondialisation, a un peu appris, à ses dépens, les mérites de la vie en autarcie. Il est vrai que les français ont eu le loisir de découvrir, avec horreur, que non seulement les masques contre la Covid étaient fabriqués en Chine, mais aussi que le Doliprane venait d’Inde, ou que l’huile de tournesol et une partie non négligeable du gaz venait d’Ukraine. C’est moins cher, quand c’est produit dans un pays à faibles coûts. Mais c’est aussi plus risqué, quand les échanges deviennent plus tendus.

Make business, not war

Au-delà de mes convictions propres, dont les lecteurs de ce blog sont certainement conscients, je reste convaincu de la nécessaire poursuite d’échanges mondialisés. On oublie souvent que le commerce est le meilleur moyen de taire les conflits. Make business, not war, pourrait-on dire, en paraphrasant un slogan de soixante-huitard. Dépendre de partenaires internationaux, cela ne veut cependant pas dire dépendre d’une seule source d’approvisionnement : ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, on l’apprend un jour ou l’autre.

Alors bien sûr, ce choc entre deux visions du monde se traduira par des échanges plus ou moins tendus, et attendus. L’une parlera de Benalla, à défaut de parler d’Allah, de bilan, de covid, de McKinsey et de je ne sais quelles autres casseroles. En face, l’autre rétorquera en termes convenus, évoquant l’incohérence de son programme économique – mais l’est-il toujours, aux yeux des français ? – ou ses liens plus ou moins affichés avec la Russie de Poutine.

Ça ne volera probablement pas bien haut. Et ce débat, que tout le monde ou presque attend, comme la finale de l’Euro, accouchera, comme tous les débats présidentiels des élections précédentes, sur beaucoup de frustration.

Le sentiment d’avoir vu un combat de boxe, plutôt qu’un débat d’idées.

Finalement, un débat entre deux candidats, c’est comme tout projet : c’est le chemin qui y conduit qui apporte le plus de satisfaction, plutôt que sa réalisation.

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