Familles désynchronisées?
L’excellent site La vie des idées fait la recension d’un livre très intéressant de Laurent Lesnard, sur la désarticulation des familles. En résumé, l’explosion du secteur tertiaire et la quasi disparition des autres secteurs, combinées avec l’expansion toujours croissante de l’Internet dans les métiers de service, a totalement perturbé le rythme de fonctionnement des familles.
Qui ne l’a jamais ressenti? Entre le coup de fil du boss ou d’un collègue en plein week-end, le travail qu’on ramène à la maison le soir ou le week-end, l’interruption inopinée de la journée de travail pour aller faire ses achats de Noël, aller chercher un enfant malade ou remplacer une nounou défectueuse, nous ne savons plus distinguer clairement entre activité et repos.
Du coup, on passe de plus en plus de temps ensemble sans vraiment le passer ensemble. Ordinateurs portables, téléphones mobiles, iPhone et cartes 3G ont leur part de responsabilité dans cette évolution. La désynchronisation du rythme de vie que permet l’omniprésence des outils de travail est-elle un bienfait pour nos sociétés? Il est permis d’en douter, si cette évolution ne s’accompagne pas de l’éducation aux usages qui va avec.
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Très juste. C’est un changement, et comme tout changement, il doit être contrôlé pour éviter qu’il ne fasse des dégâts.
Un autre exemple des impacts de la technologie sur l’homme m’a frappé. Un chercheur a analysé l’évolution du poids des Américains durant deux siècles. La course vers l’obésité a commencé plus tôt que pensé jusque là: après la première guerre mondiale. En fait, il y a eu deux paliers, un après chaque guerre. La prise de poids serait corrélée 1) à la diffusion de la radio et de la voiture 2) à la diffusion de la télé et des fast food.
D’autres chercheurs disent avoir observé l’influence d’Internet sur l’organisation du cerveau humain (qui serait beaucoup plus dans l’instantané, et dans le panurgisme que par le passé).
D’ailleurs le progrès aurait désormais un impact direct sur notre corps: de plus en plus d’études semblent soupçonner un lien entre la brutale réduction de l’âge de la puberté aux USA notamment, et même l’augmentation des cas d’autisme, et des molécules « industrielles » (qui sont prises par le corps, par exemple, pour de la testostérone ou des œstrogènes).