1200 milliards sur la table. Comment les prendre ?

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On connaît la passion de Guillaume Villon de Beveniste pour l’innovation. Son blog, consacré aux stratégies d’innovation, draine un public averti, qui y trouve de multiples moyens d’aiguiser son appétit pour le sujet. Son premier livre, Les secrets des entrepreneurs de la Silicon Valley, s’intéressait principalement sur le concept d’innovation, et sur les moyens d’innover efficacement. Il remet les couverts en cette rentrée, avec un livre qui propose à ses lecteurs de prendre une part d’un marché de 1200 milliards de dollars. À condition, bien sûr, d’apprendre à innover réellement…

1200 milliards, vraiment?

Ce marché, c’est celui que l’auteur évalue sur la base de rapports publiés par Goldmann Sachs, et qui portent sur les secteurs de plus forte croissance: intelligence artificielle, blockchain, drones, cybersécurité, etc. Ce sont des secteurs où les investissements technologiques doivent être correctement dimensionnés si l’on souhaite faire jeu égal (ou tenter de faire jeu égal) avec les géants déjà établis, de l’autre côté de l’atlantique. Il ne s’agit donc pas d’y aller à reculons ou de jouer petit bras. Des sociétés comme Google, Facebook, Pfizer ou IBM investissent des montants colossaux en R&D. Il faut être capable de suivre si l’on envisage de remporter une part du gâteau, rappelle Villon de Benveniste.

Quelle est la règle du jeu?


Pour réaliser de tels investissements, il faut apprendre à être efficace. Et, notamment, à ne pas se contenter d’innover pour le plaisir d’innover. Car, rappelle l’auteur, le grand drame des start-up françaises, c’est de ne chercher qu’à se faire plaisir, à bénéficier de la manne du CIR, sans se soucier des réelles perspectives commerciales. Près de la moitié des échecs de start-up, selon une étude de CB insights, proviendraient tout simplement … de l’absence de marché. Dingue, non? Nos ingénieurs les plus brillants se lanceraient-ils à corps perdu dans des projets d’innovation morts-nés par manque de curiosité? C’est la thèse de Guillaume Villon de Benveniste. Nos start-up manquent de « sens du client », de « culture client ». Or, rappelle-t-il,

Les clients n’achètent ni des technologies, ni des produits, ni des marques. Ils choisissent ce qui leur permet d’arriver plus vite à leurs fins, à un coût moindre et à une qualité d’expérience meilleure: « Faster, better, cheaper ».

Alan Turing, sors de ce corps…

Du coup, l’auteur propose d’instituer ce qu’il appelle audacieusement le « Test Benveniste ». Comme le test de Turing, dont il s’inspire librement, ce procédé vise à détecter une supercherie, à discerner l’innovateur imbu de son pseudo-savoir du client, qui lui, n’attend rien du CIR ni de ses équipes de développement, et souhaite simplement faire mieux, plus vite, et moins cher. L’idée est géniale, et j’attends avec impatience les premiers retours d’expérience. Faites le test dans vos entreprises, enfermez vos responsables innovation ou R&D dans une pièce, un panel de clients assez diversifiés dans une autre, posez leur les mêmes questions et amusez-vous à distinguer les uns des autres.

Le livre de Benveniste s’achève sur une proposition de méthode, en 7 étapes, pour mener à bien l’innovation:

  1. choix du marché
  2. connaissance client
  3. identification du problème à traiter
  4. connaissance du quotidien du client
  5. développer une solution scalable
  6. lever des fonds
  7. assurer le développement

Ce livre fait preuve de beaucoup de bon sens, au final. Loin de s’emballer sur les effets d’annonce dont l’univers de start-up est si friand, il ramène le lecteur à la dure réalité du métier d’innovateur. A lire et méditer.

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