1177 av J.C. : le jour où la civilisation s’est effondrée
Voici un livre dont la lecture devait s’avérer passionnante. Qu’est ce qui a bien pu mettre un terme brutal à l’époque florissante de l’âge de bronze au proche-orient et à l’est du pourtour méditerranéen? Pourquoi tous les éléments à disposition des enquêteurs – pardon, des archéologues – convergeaient-il vers la fin du 12ème siècle? Quels changements d’ordre politique, économique ou scientifique ont-ils conduits à l’effondrement simultané de tant de civilisations? Pourtant, après un peu plus de 250 pages de lecture, le lecteur reste sur sa fin. 1177 av J.C.: le jour où la civilisation s’est effondrée est un livre qui vous laisse sur une impression désagréable, celle d’avoir attendu un jusqu’au bout des explications que l’auteur n’est pas en mesure de fournir.
Le premier exemple de système global
Le livre commençait pourtant bien. Eric Cline plante le décor avec talent, en passant en revue les principales civilisations dont il sera question dans cet ouvrage: égyptiens, minoens, hittites, crétois, assyriens, voici donc quelques uns des peuples appelés à connaître un destin tragique. Au travers de multiples exemples bien documentés, Cline décrit comment ces civilisations, loin de se développer de manière isolée, collaboraient dans le cadre d’importants échanges commerciaux, et d’alliances stratégiques conclues par le biais de multiples mariages croisés.
Effondrement simultané
Ce que les fouilles menées sur plusieurs sites montrent, c’est qu’à la fin 12ème siècle avant notre ère, ces villes florissantes connaissent un destin commun et tragique: destruction par le feu, extermination des populations, sans trace de reconstruction immédiate. Qu’est ce qui a bien pu conduire à la destruction quasi coordonnées de tout ce petit monde? Une série de tremblements de terre? Un épisode de sécheresse dû à un réchauffement climatique? L’invasion de ces régions par des troupes de barbares assoiffés de sang, les fameux « Peuples de la mer »?
En fait, Eric Cline n’y répond pas vraiment. Ce qu’il affirme, c’est qu’aucune de ces raisons ne suffit à expliquer cet effondrement simultanée. Pour lui, c’est plutôt un effet boule de neige (en anglais perfect storm, mal traduit par « tempête parfaite »). Certes il y a eu des tremblements de terre dans la région, mais la plupart du temps, les cités qui les subissent réussissent à se reconstruire. Certes il y a eu des sécheresse, mais cela n’explique pas la destruction par le feu. Certes, il y eut les Peuples de la mer, mais la plupart du temps leur invasion, bien que brutale, a été suivi par le développement des zones conquises.
Alors? Alors Cline ne sait pas vraiment quoi répondre – on ne peut lui en tenir rigueur – et précise simplement que pour expliquer cette disparition coordonnées en quelques années de cités pourtant bien établies aux siècles précédents, il faut passer par une approche systémique. Pour lui, les systèmes économiques de ces peuples étaient trop étroitement liés pour survivre à l’effondrement de l’un d’entre eux. Poussant le parallèle à notre époque, il considère que nous vivons actuellement dans des conditions très proches: économies fortement imbriquées, mondialisation… et réchauffement climatique.
En soi, 1177… n’apporte pas d’éclaircissement important, et ne fait que relater des éléments particulièrement intéressants pour comprendre les modes de vie à la fin de l’âge de bronze. De là à prétendre que tout s’est joué cette année là…
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Crédits photo : Yann Gourvennec
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