Un observatoire de l’antisémitisme en ligne

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

Espace de libre expression par essence, Internet s’est très vite révélé être également un lieu de défoulement pour toutes sortes de délires, y compris l’antisémitisme. Il suffit de jouer un peu avec Google pour s’en rendre compte. Il n’y a rien de plus simple que de faire remonter de tels contenus à la surface. Vous trouverez aisément quelles requêtes pourront vous y mener.

Un projet Crif + Ipsos

La cellule digitale du Crif a travaillé ces derniers temps avec l’institut d’études Ipsos sur une quantification des contenus antisémites. En utilisant la plateforme Synthesio récemment acquise par Ipsos, ils sont parvenus à comptabiliser les contenus à caractère antisémites diffusés aussi bien sur des sites que sur les réseaux sociaux. Le fruit de cette collecte a été analysé, et le résultat de leur analyse a été communiqué la semaine passée.

Autant vous dire que ce n’est pas glorieux. En tout, Ipsos a recensé près de 52000 contenus à caractère antisémite en 2019, contre 17500 en 2018. Cette hausse assez spectaculaire est due au fait que la collecte 2018 a été réalisée en janvier 2019, alors que la collecte 2019 a été réalisée au fil de l’eau. La collecte 2018 a donc été débarrassée des contenus modérés, alors que celle de 2019 ne recense que des données brutes. On aurait apprécié avoir le nombre de contenus toujours en ligne, pour comparer des données comparables, mais il n’a pas été communiqué.

Un projet basé sur un moteur IA

La collecte n’a pu être réalisée que sur des contenus publics. Les publications privées, comme certains posts Facebook sont donc passé au travers des mailles du filet. Et sans surprise, c’est Twitter qui l’emporte en volumétrie. Mais la présence d’un site comme forum.hardware.fr a de quoi faire froid dans le dos.

Ipsos et le Crif ont travaillé ensemble à la classification de ces contenus, en éduquant un moteur d’IA (celui de Synthesio) pour reconnaître les contenus à caractère antisémite même par allusion, et classer automatiquement les tweets ou les articles concernés dans l’une des 4 catégories suivantes.

Que vient nous enseigner cette étude ? Et bien si vous doutiez de l’existence de contenus antisémites sur Internet, voici de quoi vous aider à vous refaire un avis plus mesuré sur la question. Certes, 30 000 tweets, cela représente peu de chose, mais c’est en moyenne une centaine de tweets par jour. Et encore, l’étude ne fournit aucune indication sur l’audience de ses tweets et le niveau d’engagement associé.

L’autre enseignement, c’est qu’au final, l’antisémitisme est un phénomène qui vit au gré de l’actualité. A côté d’une sorte de bruit de fond permanent (des sites d’extrême droite aux sites islamistes), vient se greffer un signal dont l’intensité peut varier en intensité au fil du temps. L’actualité au proche-orient comme les dégradations de cimetière viennent alimenter le web de tels contenus, permettant à des propos parfois incroyables de circuler librement, sur des plateformes accessibles au grand public.

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?