Paris Barbès Tel-Aviv

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On peut rire de tout. À condition d’être tous ensemble. Tel est le mot d’ordre de cette pièce de théâtre. Je ne suis malheureusement pas certain que nous soyons prêts d’y arriver, malgré les efforts des trois vaillants acteurs qui jouent cette farce très caustique.

L’idée originale de l’auteur, Benjamin Elharrar, paraissait pourtant séduisante: un jeune chômeur, séduit par le discours d’extrême droite, doit trouver dans l’urgence deux co-locataires. Son agence lui envoie deux candidats, un juif et un musulman. Bien évidemment, la cohabitation entre ces trois jeunes gens aux idées bien arrêtées s’avère explosive…

Pour jouer cette pièce, trois jeunes acteurs, dont les noms finissent tous par un son en ‘ar’ (est-ce un hasard?). Jeunes (moins de la trentaine), barbus (c’est la tendance actuelle), rien ne les distingue, si ce n’est leur communauté d’origine. Du coup, c’est un peu la même chose dans la salle, et l’on se prend à se demander si le voisin ou la voisine de devant est venu pour le côté Barbès, Pris, ou Tel-Aviv? La musique diffusée pendant que les spectateurs s’installe permet subrepticement de se faire une idée. Qui s’agit sur Yah’abibi Yallah, qui sur Tel-Aviv, Ya’habibi tel-aviv?

Paris Barbès Tel-Aviv
Paris Barbès Tel-Aviv, trois lieux, trois communautés

Hélas, tout le monde ne s’appelle pas Louis de Funès. Là où Rabbi Jacob jouait avec finesse sur les haines et les peurs qui, soyons juste, n’étaient pas aussi exacerbées à l’époque où le film de Gérard Oury est sorti, Paris Barbès Tel-Aviv tombe malheureusement dans l’avalanche de clichés de plus en plus poussifs. On rit parfois, mais on rit jaune. Un peu comme dans certains sketchs de Yassine Belattar sur Radio Nova, où tout le monde en prend pour son grade…

Le seul intérêt de cette pièce, finalement, c’est de nous permettre de prendre conscience que ce que l’on tolère vis a vis des autres communautés est exactement ce qu’on a du mal à accepter vis a vis de celle à laquelle on appartient. S’approprier les susceptibilités des autres permettrait-il de s’apprécier un peu plus? Rien n’est moins sûr…

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