Peine Capitole

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

La scène se déroule en plein jour, dans une capitale du continent américain. Une élection présidentielle contestée par le président sortant. Une procédure d’investiture chahutée. Des supporters du candidat battu qui assaillent les bâtiments officiels où siègent les représentants élus du peuple. Des forces de l’ordre dépassées. L’instauration du couvre-feu dans la capitale du pays concerné.

Non, il ne s’agit pas de la dernière série Netflix, ni de la recension des derniers événements à Caracas.

Dis chéri, on se fait un selfie ?

Épiphanie

Nous sommes à Washington, le 6 janvier 2021. À défaut de galette des rois, les supporters de Trump, encouragés par le refus obstiné du président sortant de reconnaître sa défaite, se sont sentis suffisamment forts pour investir le Capitole, et faire peser un risque sur la certification des résultats du vote de l’automne dernier.

Étonnant ? Allons, serions-nous les seuls à pouvoir nous offrir un 18 Brumaire ou un 2 décembre ? Voire un 6 février ? À chaque démocratie ses épreuves. Et même s’l est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives de cette journée un peu folle, on peut dès à présent se dire que ce 6 janvier marquera peut-être le début de l’effondrement démocratique américain. Bien plus que l’élection de Donald Trump qui n’était, elle, que la confirmation qu’en démocratie… tout peut arriver. C’est le moment de lire ou relire Philip Roth.

Le plus frappant, quand on regardait les images transmises hier par la télévision, c’est le faible nombre de supporters qui ont suffi à forcer l’arrêt de la procédure de certification. Quelques centaines, tout au plus. On est loin d’une marée humaine, comme on aurait pu se l’imaginer. L’amplification classique produite sur les réseaux sociaux, aussi bien par les supporters enhardis que par celles et ceux qui s’indignaient de tels événements, a suffi à faire d’un esclandre un événement à portée internationale.

Les sujets du bac histoire 2021

Un coup d’état peut-il réussir sans le support de l’armée ? Les événements d’hier produiront-ils des répliques dans plusieurs grandes villes américaines ? Les États-Unis sont-ils à la veille d’un schisme ? Donald Trump devra-t-il être expulsé manu militari de la Maison-Blanche le 20 janvier prochain ? Voilà le type de question qu’on pourrait se poser. Voire poser aux bacheliers 2021, en philo ou en histoire … si on oubliait qu’on avait affaire à l’une des démocraties les plus souples de la planète.

La horde de gilets jaunes made in USA qui a fait la fête aux sénateurs hier soir me fait beaucoup plus penser au public d’une émission de télé-réalité, qu’à une troupe capable de mettre la capitale américaine à feu et à sang. On nage en pleine société du spectacle, un univers dont Trump maîtrise les codes. Présentateur d’un jeu télévisé il y a une quinzaine d’années, Donald Trump ponctuait l’éviction d’un candidat par une réplique culte : « You’re fired« , vous êtes viré !

Trump, lui, n’a visiblement pas envie d’être viré.

Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Trumpéienne…

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?