L’homme qui pleure de rire

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Revoici Octave Parango. Je l’avais laissé il y a plus de vingt ans dans un état délirant, à la fin de 99 francs, le livre qui racontait l’envers du décor de la vie des agences de pub. J’avais fait l’impasse sur le second épisode de sa vie, Au secours pardon, consacré à la mode. Et je l’ai retrouvé, avec un plaisir certain, de l’autre côté du micro, dans une station radio nationale.

Octave est en effet devenu chroniqueur. Il passe chaque jeudi matin, à 8h55, En compagnie des animateurs – on reconnaît Lea Salamé et Nicolas Demorand – et d’autres chroniqueurs, il participe au processus consistant à mettre de la gaieté dans le coeur des millions d’auditeurs.

Mais après quelques années passées à officier, un doute l’envahit: à quoi tout cela sert-il ? Quelle est la véritable fonction de l’humoriste ? Et alors que des hordes de gilets jaunes déferlent dans les beaux quartiers parisiens, Octave n’est-il pas en train de sombrer et de trahir l’idéal au nom duqul il se bat chaque semaine : contribuer au bonheur de l’humanité ?

Comme toujours avec Beigbeder, on oscille entre le génie de saillies calculées au millimètre, et la lassitude provoquée par ses fantasmes sexuels arrosés de substances plus ou moins illicites. C’est dommage, car Beigbeder voit juste. À force de sanctifier le rire, on se trompe totalement sur sa portée, son efficacité, son utilité. Rire de tout, cela signifie finalement qu’on finit par ne plus attacher aucune importance à quoi que ce soit. C’est la chute des valeurs essentielles, au nom desquelles est censée tenir notre société.

Au fil du roman, Beigbeder – pardon, Octave – raconte ses déambulations autour de l’avenue des Champs-Elysées, alors que sévissent les gilets jaunes – pardon gilets fluos. Quelle différence ? Ces derniers officient en pleine semaine, un mercredi, veille de la chronique d’Octave. Les vrais gilets jaunes, eux, n’agissaient que le weekend. Il est étrange que Beigbeder soit passé à côté de ce détail…

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