Le théorème du felafel

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Chaque événement de notre vie peut nous amener à élaborer des théories plus ou moins farfelues. Une expérience vécue ce midi me pousse à établir le premier « théorème du felafel« , un théorème que je ne peux m’empêcher de partager avec vous, chers lecteurs.

felafel

Je travaille dans le Marais, à deux pas de la rue des Rosiers. Mes amis, ceux qui me suivent sur Facebook ou sur Twitter, savent fort bien qu’il m’arrive fréquemment d’aller y déjeuner, d’un rapide felafel, aussi appelé falafel, plat d’origine moyen-orientale, constitué de boulettes de pois chiches frites, plongées dans une sauce de houmous (également à base de pois chiches) en compagnie de morceaux de concombres, tomates et choux finement hachés, et de morceaux d’aubergines frites, le tout allègrement arrosé de sauce piquante. Jusque là rien à dire.

Il se trouve que je vais m’approvisionner auprès de l’un de ces nombreux restaurateurs qui fourmillent sur la centaine de mètres de la rue des Rosiers, au coin de la rue des Ecouffes. Cet aubergiste, dont je tairai le nom par souci d’intégrité, propose des felafels à emporter, tout comme son concurrent, situé juste en face.

C’est en faisant la queue, tout comme les 30 personnes qui me précédaient à ce stand, que je me suis mis à élaborer le fameux « théorème du felafel ». Tout est parti d’un constat: « voici donc je fais la queue, comme 30 imbéciles, pour m’approvisionner auprès de A, alors que B, situé juste en face, propose un felafel tout aussi appétissant, et qu’il n’y a personne pour y faire la queue. Je pourrais fort bien, tout comme ces 30 autres quidam, franchir les 3 mètres qui me séparent du stand d’en face, et me faire servir immédiatement au lieu d’attendre, et bien non, je préfère attendre. Mais pourquoi donc? »

C’est ce pourquoi donc qui m’a fait découvrir le théorème, dont voici un énoncé approximatif (j’invite le lecteur quelque peu instruit à en élaborer une formulation plus impérieuse):

En présence de deux services d’égales qualités, le consommateur moyen se dirigera vers celui où vont se servir la majorité de ses congénères.

C’est un peu Panurge et la « preuve sociale » mis dans le même panier. Mais ça marche bien.

Vous en voulez quelques exemples applicatifs. En voici quelques uns:

  • Quand vous allez en boîte – oui, même à votre âge – et qu’il y a deux pelés et trois tondus sur la piste, vous restez? non, bien sûr, vous allez illico presto au Duplex ou je ne sais où rejoindre la masse des gens, quitte à vous faire rejeter
  • Plus subtil, maintenant que Facebook couvre l’ensemble des strates de la société, êtes-vous prêt à rejoindre un autre réseau social type Hi5 ou Namz? Bien sûr que non. C’est la fin des concurrents à service égal.

Ce dernier exemple a des répercussions importantes, à mon sens, sur l’univers des réseaux sociaux. Facebook a gagné la bataille, sans nul doute. MySpace est mort, à horizon 12 à 18 mois. Il est là, et le coût de développement d’un niveau fonctionnel équivalent est désormais prohibitif. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de chance pour des réseaux différents. Après tout, Viadeo et LinkedIn coexistent, car leur offre est totalement différente: régionalisée pour l’un, internationale pour l’autre. Ce serait une erreur, pour le challenger Viadeo, de vouloir imiter LinkedIn.

Le corollaire du théorème du felafel, c’est que pour avoir une chance de se développer, il faut un service différent. Plus rapide, plus souple, moins cher, à vous de jouer. Mais pas le même.

Pour en revenir à mes revendeurs de felafel, que pourrions-nous proposer au pauvre vendeur B, boudé par les nombreux touristes qui arpentent la rue, et préfèrent rejoindre la queue plutôt que de se faire servir rapidement?

Tout simplement, de vendre autre chose que des felafels…

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