Le petit oiseau va sortir…
C’est donc confirmé, le petit oiseau va sortir de la cote. Elon Musk, devenu, le nouveau patron de Twitter, l’a laissé comprendre, il veut contrôler totalement l’entreprise et la remettre sur le droit chemin. J’avais déjà écrit sur ces pages tout le bien que je pensais de cette proposition. Du point de vue de Twitter et de ses actionnaires, bien entendu. Rien de tel qu’un bon coup de pub, d’un peu d’argent frais et d’un nouveau boss pour mettre une boîte qui s’ankylose sur les rails.
Bad business is still business
Du point de vue de Musk, bien entendu, l’affaire paraît bien moins intéressante. Le montant astronomique de la transaction – 44 milliards de dollars – est sans commune mesure avec le chiffre d’affaires de l’entreprise – environ cinq milliards – sans évoquer les rares bénéfices réalisés. Sans parler de la valorisation des entreprises de tech, et particulièrement de celles qui vivent de la pub, qui vient de connaître quelques semaines folles. Le cours de l’action Facebook – pardon Meta – a été divisé par deux en 6 mois, celui de Snap est tout aussi décevant, Google – pardon Alphabet – traverse une période agitée. Il n’y a que Twitter qui semble avoir repris des couleurs – normal, tout le monde veut profiter du gogo qui rachète au prix fort une entreprise au business peu assuré.
Bien sûr, Elon Musk, patron hyperactif, a rapidement pris les premières mesures pour redonner du rythme à Twitter. Au-delà du changement de sa bio – Chief Twit – il a viré les principaux dirigeants, qui n’appuyaient pas son projet, et annoncé le retour des comptes bannis, comme celui de Kanye West … en attendant Donald Trump ? Il sera quand même difficile de réhabiliter le compte d’un ancien président dont les partisans ont tenté de réaliser un putsch, après sa défaite en 2020.
Elon Musk se justifie en invoquant un nécessaire retour à la liberté d’expression sur ce réseau bien particulier, où les propos tenus sont visibles des uns et des autres. C’est un débat qui ne date pas d’hier. Faut-il laisser s’exprimer les adversaires de la liberté d’expression, ceux qui ne prônent cette liberté d’expression qu’à leur propre intention ? N’y a-t-il pas un peu de naïveté dans les intentions de Musk ? Difficile de croire que l’homme le plus riche du monde, patron de deux des plus belles réussites technologiques des vingt dernières années, soit un grand naïf.
Un nouveau projet technologique pour Twitter ?
Chacun a son avis sur la question. Pour ma part, j’ai toujours pensé que Twitter, idée génial née dans l’esprit de développeurs qui n’avaient nullement l’intention de le créer, ne devrait pas être un service proposé par une entreprise, mais faire partie des « protocoles de base » de l’internet, un peu comme le mail ou le world wide web. Au lieu de centraliser tous les tweets au sein des serveurs d’une seule entreprise, qui décide qui a le droit ou non de s’exprimer, Twitter devrait être réparti un peu partout. On achèterait, pour une somme modique de quelques euros par an, comme pour nom de domaine, le droit de Twitter, auprès d’un fournisseur d’accès comme OVH ou Gandi. Le compte Twitter serait actif tant qu’on paierait sa redevance annuelle. Et une interface spécialisée, inspirée du front-end de Twitter, se chargerait d’aller récupérer les tweets émis par les comptes dont on a décidé de suivre les contenus.
Si l’un de mes lecteurs veut bien glisser cette idée à Musk, je lui offrirai une boîte de chocolats.
Des chocolats bleus.
Comme le logo de Twitter.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec