La « rafle » du 9 décembre 1942
On l’oublie souvent, mais la Tunisie fut le seul pays d’Afrique du Nord occupé par les Nazis, pendant la seconde guerre mondiale. Le territoire marocain ne fut pas violé, l’Algérie fit obédience à Vichy avant le débarquement des forces alliées en 1943, la Libye était une colonie italienne, et les anglais étaient restés maîtres en Egypte, non sans avoir à faire face aux troupes allemandes. Cette occupation ne dura que 6 mois, et ne permit pas à l’Allemagne nazie de déployer son plan d’extermination des juifs locaux, de manière similaire à ce qui se passait alors en Europe.
Cela ne les a pas empêchés de rançonner les communautés juives locales, notamment à Sfax, Sousse, Djerba et Tunis, et de mettre en place des camps de travail, comme à Bizerte, afin de bénéficier d’une main d’oeuvre gratuite, corvéable à merci. Mon grand-père fit un rapide séjour dans un de ces camps, qui fut bombardé par les alliés. Il ne dut la vie sauve qu’à un infortuné collègue, qui fit écran de son corps et lui sauva la vie. Il s’enfuit et se cacha, dans un puits selon la légende familiale.
C’est ainsi que le 9 décembre 1942, des centaines de jeunes juifs tunisiens furent raflés à Tunis, pour être expédiés dans des camps de travail, afin d’effectuer des travaux de terrassement pour le compte de l’armée allemande. Bien sûr, cette rafle est sans commune mesure avec celle du 16 juillet 1942, où des milliers de juifs furent réunis au Vel d’Hiv, avant d’être envoyés vers Drancy puis les camps d’extermination. Mais elle a marqué durablement les esprits des familles juives de Tunisie.
La rafle se fit un peu au hasard, aux alentours de la grande synagogue de Tunis. Cet article du Times of Israel raconte en détail le déroulement de cette journée funeste. Quelques dizaines de juifs furent déportés – je crois que ce sont les seuls juifs déportés par avion – très peu en reviendront. Parmi les victimes de cette déportation, le bien connu boxeur Victor dit Young Perez ainsi que le bâtonnier de l’ordre des avocats, Victor Cohen Hadria.
La Société d’Histoire des Juifs de Tunisie organise, comme chaque année, une commémoration de cet événement, au Mémorial de la Shoah. Cette année, la cérémonie, qui marquera le 80e anniversaire de cet événement, aura lieu dimanche 11 décembre à partir de 10h.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec