La Compagnie

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S’il y a des romans qui vous marquent pour la vie, La Compagnie peut en faire partie. Ce pavé de 1200 pages, écrit par Robert Littell (le père de Jonathan) et publié en 2002, quelques mois aà peine près les attentats du 11 septembre, est en effet un des meilleurs romans d’espionnage qui me soit tombé entre les mains. Il retrace l’épopée de la CIA, la lutte acharnée entre les services américains et russes, entre le début des années 50 et l’ascension de Boris Eltsine, en s’attachant à un groupe d’anciens étudiants de Yale, recrutés au début de la guerre froide.

La CIA (et le KGB) de l’intérieur

L’histoire se déroule en une demi douzaine de grands tableaux, comptant eux-mêmes plusieurs chapitres. Le premier s’intéresse aux efforts mis en oeuvre par cette agence, pour démasquer Kim Philby, célèbre agent double qui gravit les échelons du MI-6 avant de s’enfuir en URSS. Le second retrace la répression soviétique en Hongrie, en 1956, quelques années à peine après la le 20e congrès qui dénonça les méfaits du stalinisme, et qui laissait pourtant entrevoir une période de détente en pleine guerre froide.

Robert Littell nous fait ensuite effectuer un saut de quelques années, pour nous faire rencontrer John Kennedy et son frère Bobby, en pleine crise de la Baie des Cochons. Quelques années plus tard, on assiste à la montée en puissance de la CIA en Afghanistan, partagée entre l’envie de soutenir un mouvement révolutionnaire contre les soviétiques, et la peur de laisser des armes de pointe entre les mains de fanatiques. Avant de suivre presque en direct le putsch de 1991, contre Mickael Gorbatchev et le coup de poker de Boris Eltsine.

Plus qu’un roman, un film sur papier !

Impossible de vous en dire plus, de peur de vous en dire trop. Si les personnages principaux sont fictifs, ils gravitent autour de ceux qui ont fait l’histoire, aussi bien côté russe que côté occidental. Le résultat, c’est un livre brillant, passionnant, qu’on ne lâche que difficilement, le soir vers 2 heures du matin quand vos paupière implorent un peu de sommeil…

Au-delà de l’intérêt purement récréatif, La Compagnie pose des questions qui sont, hélas, toujours d’actualité. Jusqu’où une organisation aux activités secrètes, comme la CIA? peut-elle bafouer les lois et la démocratie, alors que sa mission est avant tout de protéger ces lois et cette démocratie ? La CIA est-elle au service des gouvernants, ou est-ce l’inverse ? Et jusqu’où une telle organisation peut-elle s’acoquiner avec des organisations au profil moins glorieux ?

Si le livre n’apporte pas de réponses, il permet en tout cas au lecteur de se rendre compte que de Guantanamo à Snowden, il n’y a rien de neuf sous le soleil…

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