F1
Depuis quelques années, la Formule 1 a le vent en poupe. Malgré des évolutions de réglementation difficiles à suivre, ou un mode de diffusion réduit désormais à des chaînes payantes, son audience n’a cessé de croître en France, ou dans d’autres pays d’où proviennent certains des grands pilotes actuels, comme les Pays-Bas. Et pourtant, contrairement au football ou au basket, la F1 n’est pas un sport qu’on peut pratiquer le weekend entre amis. C’est assez paradoxal, et c’est pour moi la raison pour laquelle, malgré le haut niveau d’endurance des pilotes, il s’agit plus à mes yeux d’un spectacle que d’un sport à proprement parler.
De cet engouement pour cette compétition entre une vingtaine de pilotes représentant une dizaine d’écuries aux moyens financiers significatifs – en-dessous d’une centaine de millions d’euro de budget, s’abstenir – sont nés deux produits dérivés étranges. Le premier, c’est une série diffusée depuis une demi douzaine d’années sur Netflix, et qui séduit un public plutôt jeune, qui découvre les arcanes des compétitions, entre pneus lisses et pneus pluie, DRS, drapeau rouge et commissaires de course. Pilotes, ingénieurs et patrons d’écurie sont devenus, au fil du temps, des stars du petit écran. C’est déjà mieux que de défrayer la chronique dans des scandales inquiétants…
Le second produit dérivé, c’est F1, un blockbuster sorti cette semaine, dans lequel Brad Pitt incarne Sonny Hayes, un ancien pilote de formule 1 sur le retour, appelé par un ancien concurrent et ami à venir l’aider à sauver son écurie, dont l’avenir semble menacé après une première moitié de saison vierge de tout résultat.
Spoiler alert
Si vous comptez profiter du suspense pas si incroyable que cela, je vous popose de vous arrêter là,c ar je risque de révéler quelques ressorts de l’intrigue.
Mais si vous voulez en savoir plus, libre à vous de lire ce qui suit.
Ma fille, devenue récemment fan de F1, a très bien résumé ce film : son réalisateur, qui est également celui du dernier Top Gun, a simplement transposé la trame de ce dernier à l’univers de la F1. Soit donc un ancien héros resté accro à sa passion, malgré ses nombreux déboires (rapport à l’autorité, instabilité émotionnelle), qu’un ancien adversaire devenu ami appelle à la rescousse pour rejoindre et former une équipe de jeunes qui ne s’en sort pas, au sein d’une écurie poussive, et lui permettre de remporter une victoire finale. Victoire qui proviendra, on s’en doute, d’une exploit personnel du héros sur le retour, qui n’hésite pas à risquer sa vie pour le bonheur de ses coéquipiers médusés. Entre temps, il aura trouvé le bonheur entre les bras d’une femme mature mais récalcitrante, à qui on ne la raconte pas.
En soi, ce n’es pas si mal. Cela permet d’assister à deux heures et quelques de grand spectacle.
Mais rien de plus. N’allez pas chercher de retournements de situations incroyables, de suspense à déchirer les fauteuils avec ses ongles. F1 est réglé comme un tube musical, conçu pour ressembler au précédent, et qui ressemblera évidemment au suivant.
Bref, si vous cherchez de l’adrénaline et du grand cinéma, allez plutôt voir du côté de Rush ou Le Mans 66. Même si ces films racontent une historie connue, on en sort avec l’estomac un peu plus rempli, et non cette impression de déjà vu…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec