Les douleurs neuropathiques: quand le système de détection de la douleur devient douleur – Pr Didier Bouhassira, Hôpital Ambroise Paré

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Comment reconnaître les différents types de douleur? Question abordée au 10e colloque de l’AFIRNe.

La douleur est le premier motif de consultation. La douleur chronique concerne 32% des français ! Rappelons qu’il faut bien distinguer entre douleur aigüe et douleur chronique. La douleur chronique dure au minimum 3 mois. Elle n’a plus rien à voir avec la lésion, qui a déjà été soignée: la douleur devient elle-même le problème.

Il existe différents types de douleur chronique. On distingue deux grands types:
– les douleurs nociceptives ou inflammatoires: arthrose, brûlure, lumbago, douleur du genou, etc. Elles sont dues à des lésions de tissus.
– les douleurs neuropathiques, différentes, car dues à des lésions ou des maladies qui atteignent le système nerveux périphérique (les nerfs) ou le système nerveux central (le cerveau, la moelle épinière). On pourrait s’attendre à moins de douleur dans ce cas, mais c’est l’inverse. Cela concerne souvent les patients souffrant de diabète, de sclérose en plaque, de zona, etc.

On ne traite pas ces deux types de douleur de la même façon, même si les douleurs peuvent parfois être mixtes.

Dans le cas de douleurs inflammatoires, il y a amplification de la sensation de la douleur au niveau des nocicepteurs. On utilise des choses simples, comme le paracétamol, des dérivés de la morphine, faibles ou forts, selon l’intensité de la douleur.

Dans le cas des douleurs neuropathiques, on a affaire à quelque chose de complètement différent et ces traitements ne fonctionnent plus. Il y a deux cas: les douleurs neuropathiques périphériques (sclérose en plaque), ou centrales (AVC par exemple).

Ce sont des lésions qui touchent le système de détection de la douleur lui-même. Les causes peuvent être très variées: zona, chirurgie, radiculopathie, neuropathie diabétique, traumatisme nerveux, etc. Le cas extrême, c’est la douleur du membre fantôme, après une amputation.

7% des français souffrent de douleurs neuropathiques. La prévalence évolue avec l’âge: au-delà de 75 ans, cela concerne un individu sur deux. L’impact sur la vie des patients est important, notamment sur les troubles de sommeil.

Comment reconnaître ces douleurs neuropathiques? Il n’existe pas de test, il faut écouter les patients: interrogatoire + examen clinique. Ces douleurs neuropathiques ont un langage particulier. Les mots utilisés pr les patients ne sont pas les mêmes: brûlure, fourmillement, picotement. Des outils ont été développés pour détecter les douleurs neuropathiques sur la base du langage. Cela marche dans tous les pays: des listes de termes ont été établies pour des dizaines de langues et de pays.

Beaucoup de médicaments ne sont pas efficaces dans le cas des douleurs neuropathiques: paracétamol, anti-inflammatoires ne marchent pas. Il faut utiliser d’autres classes de médicaments, comme les anti-dépresseurs. La recherche évolue vers une personnalisation des traitements utilisés.

Mais il n’y a pas que les médicaments pour traiter les douleurs neuropathiques. On utilise désormais des mécanismes de stimulation nerveuse, non invasives: on n’opère pas les patients, mais on utilise des stimulations transcraniennes. L’hypnose est aussi, parfois, utilisée.

Il existe, en France, de nombreuses structures spécialisées dans la prise en charge de la douleur, près de 250 centres partout en France. Ces structures sont pluridisciplinaires, et on n’y trouve pas que des médecins. On y prend en charge environ 300 000 patients, chaque année.

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