Shimon Peres

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Avec Shimon Peres, c’est une personnalité assez particulière de la vie politique israélienne qui disparaît. Inutile de revenir sur sa biographie, le lecteur intéressé en trouvera suffisamment long sur ce sujet sur Wikipedia ou sur les nombreux articles que la presse lui consacrera. Ce sur quoi je voudrais insister, c’est sur ce particularisme qui lui était propre.

Peres n’était pas un ancien général, ni un des pères fondateurs. Entré assez tôt en politique, il n’a jamais remporté une élection, et pire, s’est même couché un soir vainqueur, en 1996, avant d’être déclaré vaincu le lendemain matin. Il a pourtant été premier ministre à trois reprises, en remplacement de Rabin par deux fois, et en alternance avec Shamir, dans l’un des accords les plus extraordinaires que réserve la vie politique dans ce pays. Mais son dernier passage à ce poste ne fut pas marqué par une réussite particulière. Il a fait partie de nombreux gouvernements, a occupé des postes variés, à la Défense ou aux Affaires étrangères.

Respecté en dehors d’Israel, il n’a pas connu le même respect chez lui. J’ai le souvenir de sa première tentative pour devenir président de l’Etat d’Israel, à l’été 2000. J’étais alors en vacances là-bas, et ce qui se déroulait était pathétique. D’un côté, un ancien premier ministre, prix Nobel de la Paix, respectable et digne; de l’autre, Moshe Katsav, un politicard moyen, qui cherchait à séduire les députés religieux pour faire basculer la balance en sa faveur. L’éjection de Katsav quelques années plus tard, sur des accusations de viol et de harcèlement sexuel, donnera un relief tragi-comique à cette pathétique élection.

Shimon Peres aura réussi, ces dix dernières années, à faire oublier sa condition de politicien moyen, pour acquérir celle d’un homme d’Etat, tout en gardant un sens de l’humour très développé, et apprécié. Il était même présent sur les réseaux sociaux, Twitter, notamment, de manière assez épatante. Signataire des accords d’Oslo avec Rabin, il n’a pas été crédité autant que ce dernier de la paix signée avec Arafat. Opposé au Likoud et à Ariel Sharon sur de nombreux sujets, il n’a pas non plus hésité à rejoindre le gouvernement de ce dernier et même son parti Kadima lorsqu’il fit sécession.

Finalement, je garderai de Peres l’image d’un habile négociateur, d’un excellent orateur, d’un homme d’idées, mais incapable de mettre en action ces mêmes idées. Un homme de formules, mais pas un véritable leader. N’est-ce pas, dans une certaine mesure, la définition d’un prophète?

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