Connaissez-vous les Matkot?
L’été qui s’achève est l’occasion de revenir sur l’une de mes principales préoccupations estivales: taper comme une brute dans une petite balle de squash, ce qu’on appelle également jouer aux Matkot.
Sport quasi-national en Israel, ce jeu qui s’apparente de loin au tennis ou au ping-pong se pratique à deux, trois ou quatre joueurs. Le principe est simple: garder la balle en l’air le plus longtemps possible, sachant qu’elle ne rebondit que très, vraiment très, très mal. Il n’y a pas plus simple. Et quand je parle de parenté avec le tennis ou le ping-pong, c’est un doux euphémisme. Aux Matkot, il n’y a ni filet, ni limites: le terrain de jeu s’étend aussi loin que la balle peut voler. C’est d’ailleurs une autre particularité: il n’y a a priori ni perdant, ni gagnant. Sauf qu’au bout de quelques échanges, on se rend bien compte qu’un des deux joueurs tape plus fort que l’autre et maintient son adversaire à bout de force…
Je joue aux Matkot depuis plus de quarante ans, à chaque fois que je passe mes vacances près d’une plage. Car, j’ai oublié de le dire, le plus agréable, c’est de taper dans la balle les pieds dans l’eau, avec un léger déséquilibre du corps dû à l’inclinaison du sol au bord de l’eau. Je me souviens d’innombrables parties jouées avec Stéphane Ruben quand j’étais adolescent, et surtout de celles jouées sur la plage de Cannes contre un antillais qui devait s’appeler Paul (ou Alain ou Simon, je ne me souviens plus), qui était buraliste à proximité du port. C’est lui qui m’a initié à une manière de jouer assez originale: plutôt loin du bord de l’eau, les pieds bien ancrés dans le sable, il s’agit de taper sans se déplacer, le corps cherchant à s’étendre tout en se maintenant en équilibre pour accéder aux balles les plus éloignées. Il avait un coup particulier, que je n’ai pas tardé à adopter, un smash au-dessus de la tête, joué comme un revers refusé, ce qui lui donne une puissance incroyable.
Les Markot ont gagné ces dernières années leurs lettres de noblesse, avec … une page Wikipedia, dans plusieurs langues. Celle en français parle de Frescobol, mais je n’ai jamais entendu qui que ce soit utiliser ce nom. Autre signe d’un sport en plein essor, l’évolution des matériaux. Dans ma jeunesse, on jouait avec des raquettes d’assez mauvaise qualité, conçues dans une sorte de bois aggloméré sur lesquelles étaient montées deux moitiés de manche en plastique, qui ne tardaient pas à se décoller au contact du sable et de l’eau salée, et parfois vous laissaient des échardes dans les doigts.
Les vraies raquettes, ce sont celles qu’on achète en Israel, à deux pas de la plage de Tel-Aviv. La marque Dagan commercialise des raquettes de Matkot d’excellente qualité, les Ting Dong Dagan. On peut même les acheter en ligne. Le modèle de base vaut 40$, mais il faut compter 100$ de plus pour accéder au nirvana, des Matkot en fibre de carbone. Elles produisent un son distinctif, et propulsent la balle de squash à une vitesse incroyable. En ce qui concerne la balle, d’ailleurs, privilégiez celles avec un double point jaune, elles offrent les meilleures sensations.
Bref, si vous passez à Tel Aviv, ou quelques jours en vacances au bord de l’eau, n’oubliez pas cet accessoire indispensable pour des vacances réussies: les Matkot !
PS: je ne connaît pas l’étymologie du terme Matkot, mais si vous pensez la connaître, laissez un commentaire.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Je pensais que la logique de ce type de jeu était la balle perdue. Et que l’on mesurait les points au nombre de plagistes l’ayant reçue.
Plagiste = vacancier ?
Les gens qui sont étalés sur la plage…
Dans mon univers balnéaire, le plagiste est celui qui pose les matelas sur une plage privée… ceux auxquels tu penses sont plutôt des vacanciers.
Effectivement. D’après le Robert, plagiste signifie « personne qui exploite une plage payante ».
Mettre une balle entre les yeux d’un exploiteur pourrait sembler justifiable à certains, ce qui n’était pas mon propos.
Merci professeur Kabla.
Salut Hervé
D’après Rubik Rosenthal, le mot matkot viendrait de la racine arabe dakak qui désigne l’action de frapper…
Merci Pierre. Qui est Rubik Rosenthal?
Un spécialiste de l’hébreu contemporain
J’ai l’impression que « matkot », tout comme « dakak », appartiennent à la grande famille des onomatopées…
Autre exemple, l’appareil Kodak,
qui prend des photos.