Robert Badinter

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Avocat, socialiste, fils de déportés et proche de François Mitterrand, Robert Badinter fut une grande figure du siècle dernier. Garde des sceaux de 1981 à 1986 sous Mauroy et Fabius, il porta la plupart des réformes judiciaires mises en place lors du premier mandat du président socialiste, assumant la plus symbolique d’entre elles : L’abolition de la peine de mort. Mais ce ne fut pas la seule. La suppression des juridictions d’exception, c’est lui. La dépénalisation des relations homosexuelles, c’est lui aussi. Tout comme la possibilité, pour tout justiciable, de porter son cas devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Homme de savoirs, d’une intégrité totale, il fut à ce point emblématique de la rigueur intellectuelle, qu’on prête à Mitterrand une formule extraordinaire : « J’ai deux avocats, Robert Badinter pour le droit, et Roland Dumas pour le tordu ».

Proche de Mitterrand, il le fut sans doute jusqu’à l’excès. Je me souviendrai toujours de sa prise de parole, lors d’une cérémonie commémorant la rafle du Vel d’Hiv. La relation particulière entre le président socialiste et René Bousquet, secrétaire général de la police sous le régime de Vichy et collabo de première classe, commençait à être connue du grand public. Bousquet, haut fonctionnaire qui avait pu passer entre les mailles du filet à la Libération, était aux commandes lors de la rafle, les 16 et 17 juillet 1942. Comment un tel personnage pouvait-il avoir été accueilli régulièrement par le président, dont on connaissait la proximité avec Robert Badinter.

Quelques jours plus tôt, Mitterrand avait pris position, expliquant que la République française ne pouvait pas être tenue pour responsable des agissements de Vichy. Le président fut donc reçu par des sifflements abondants durant cette cérémonie. Pris d’une colère immédiate, Badinter s’exprima alors ainsi : « Je me serais attendu à tout éprouver, sauf le sentiment que j’ai ressenti il y a un instant et que je vous livre à l’instant avec toute ma force d’homme : Vous m’avez fait honte ! Vous m’avez fait honte , en pensant à ce qui s’est passé là« .

Quelques années plus tard, Chirac adoptera une position différente…

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