Pentagon Papers

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Il y a près de 50 ans, un ancien analyste de la RAND Corporation faisait passer auprès du New-York Times et du Washington Post des documents qui révélaient à la fois l’ampleur et l’inutilité de l’engagement massif des forces américaines au Vietnam. Ce fut le début d’un long processus, qui aboutit plusieurs années plus tard à la fin des hostilités et au retrait américain. De cette histoire, Steven Spielberg tire un film intéressant, magistralement mené comme à son habitude: Pentagon Papers. Un récit qui se focalise sur l’engagement du Washington Post, alors dirigé par la veuve de son précédent directeur, qui hésite entre retenue et étalage public. Nous étions alors en 1971, et le Pentagone ne savait pas qu’il aurait à subir l’assaut un Boeing 30 années plus tard…

Avec ce film, nous assistons, durant deux heures, à un épisode de l’histoire récente des États-Unis, et qui marqua probablement l’apparition du premier lanceur d’alerte: un rôle modernisé et presque industrialisé par Edward Snowden. Autant dire qu’au travers de ce film, Spielberg compte que nous tirions de plus amples enseignements sur l’avenir de la presse libre.

Du coup, le film abonde en citations et bons mots censés nous faire réfléchir sur le rôle de la presse: informer les gouvernés, ou se mettre au service des gouvernants? Un journal qui s’auto-censure n’est-il pas un abdique et qui refuse son rôle? Le premier amendement concerne-t-il les citoyens ou la presse dans son ensemble? Voici de quoi alimenter de longs débats en cours de philo, de français, d’histoire, ou d’éducation civique. C’est donc un film à recommander aux lycéens.

Pour le reste, Spielberg nous rappelle qu’il sait très bien filmer l’impression d’un journal (un classique dans tous les films sur la presse), ainsi que les scènes de guerre (depuis le soldat Ryan), qu’il adore faire jouer Tom Hanks (5ème collaboration depuis le même Ryan), et que Meryl Streep assume parfaitement ses rôles de femme indécise (depuis le choix de Sophie). On est donc en terrain connu, zéro surprise. On se surprendra même à bailler de temps à autre, mais on en sortira avec le ferme sentiment que non, décidément, tout cela ne se répétera plus.

Jusqu’au prochain scandale. Ou au prochain film de Steven Spielberg…

NB: le titre évoque également, pour moi, un problème intéressant de géométrie (papier + pentagone): comment obtenir un pentagone régulier avec une feuille de papier. La solution est fournie ici.

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