Les nouveaux mutants

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L’univers des super-héros, et notamment celui des super-héros Marvel, se divise, grosso modo, en trois. Dans le premier groupe, on trouve des personnages dont les pouvoir proviennent d’une évolution technologique, comme Batman chez DC Comics, Iron Man, Volverine (qui s’appelait Serval, dans les BD de mon époque) Ant-Man. Le second groupe est constitué de ces super-héros venus de l’espace ou de la mythologie : Superman chez DC Comics également, Thor, le Surfer d’Argent, Actarus, etc. Le troisième comprend tout le reste, ceux dont les pouvoirs sont issus d’une modification de leur métabolisme, comme Spiderman, Daredevil ou, bien évidemment, les mutants, parmi lesquels le groupe des X-men occupe une place prépondérante.

On peut aborder l’univers des super-héros sur le ton de la rigolade, ou du mépris, en se disant que ces histoires abracadabrantes n’intéressent que des enfants attardés. Mais je suis convaincu qu’on peut avoir une seconde lecture, plus fine, de l’ensemble de la production, aussi bien chez DC Comics que chez Marvel. Mais avec le temps, aussi bien les bandes dessinées que les films issus de l’univers des super-héros se sont posés des questions quasi philosophiques sur la place de ces individus imaginaires.

Les premiers fanzines les installaient en effet dans un rôle de sauveurs universels, sortes de Golem modernes, seuls capables de défendre l’espèce humaine contre des super-méchants aux pouvoirs aussi redoutables Mais peu à peu ,les scénaristes ont réalisé que la place de tels individus, dotés de capacités presque sans limites, n’était pas aussi évidente. C’est par exemple le thème de la série des Avengers, dont les interventions occasionnent tant de dégâts qu’on veut mettre leur groupe sous contrôle d’une autorité politique supranationale. C’est également le thème de la série des X-men, qui sont confrontés à une forme de racisme anti-mutants, et qui, traqués comme des bêtes, doivent se cacher pour ne pas être abattus comme des bêtes. La série pousse l’analyse suffisamment loin pour, d’ailleurs, opposer deux manières de vivre : ceux qui souhaitent trouver un compromis avec l’espèce humaine « classique », et ceux qui, à l’instar de Magneto, jouent la carte de l’évolution Darwinienne, estimant être les véritables représentants de l’humanité enrichie.

Dans le cadre de ces réflexions, la découverte de leurs pouvoirs de mutants par un groupe d’adolescents constituait une excellent idée de scénario. Sur le même principe, on a pu apprécier les premiers épisodes d’un Spiderman, timide lycéen qui se retrouve, un peu malgré lui, à jouer les super-héros en pyjama bleu et rouge. Les nouveaux mutants aborde le même thème sous un angle un peu moins niais. Être capable de se transformer en torche vivante ou en animal n’est certainement pas sans répercussion sur son entourage immédiat, surtout si on découvre sa différence par surprise, entouré de ses amis… L’apprentissage de son corps, la découverte de ses pulsions, a produit des chefs d’oeuvre de la littérature, pourrait-il en être de même au cinéma, dans un univers de super-héros ?

Ce n’est certainement pas ce film qui apportera une réponse positive. Les nouveaux mutants nage dans un univers ma défini, entre film fantastique et film d’horreur, bourré de clichés absolument insupportables. Si les premières minutes peuvent faire illusion, on se met à bailler abondamment au bout de la première demi-heure, et on finit par se demander à quoi rime ce film sans queue ni tête. Même les ados du foyer ont fini par lâcher et s’ennuyer… Pas étonnant qu’il ait été mal accueilli aussi bien aux US qu’en Europe.

Bref, si vous vous demandez quoi voir ce soir, vous pouvez faire l’impasse sur ce navet.

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