Le secteur bancaire attend toujours son Michel-Edouard Leclerc

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En matière de crise, le secteur agro-alimentaire s’y connaît. De la vache folle à la tremblante du mouton, des menaces sur les volailles aux bactéries du steack haché, les dix dernières années ont été riches en alertes sanitaires, et notre pays s’est, petit à petit, structuré de manière plus efficace, pour affronter la crise suivante. L’un des phénomènes les plus intéressants, dans ce domaine, est la manière – unique en son genre – par laquelle un dirigeant d’entreprise, Michel-Edouard Leclerc, a traversé l’épisode de l’intoxication alimentaire aux steaks hachés, décelée dans certains des magasins de son entreprise. La lecture du billet qu’il communiqua à cette époque, et des commentaires qui suivirent sur le même blog, témoignent d’une utilisation remarquable du blog de dirigeant, qui n’est, finalement, qu’un type particulier de blog d’entreprise.

On aurait aimé rencontrer le même type d’approche, de la part d’un dirigeant du secteur bancaire ou financier. Non point que les deux crises soient comparables: celle que nous traversons actuellement, et qui touche l’ensemble des économies occidentales, est à tout point d’une gravité bien supérieure à celle qu’a connue la chaîne de magasins Leclerc. Sa complexité, son impact probable sur des millions d’individus, en font certainement l’une des périodes les plus difficiles à négocier pour un dirigeant d’entreprise, ces vingt ou trente dernières années.

Mais là n’est pas la question. Car quelle que soit la gravité de la crise, le grand public a besoin d’être informé. L’absence d’informations, ou, pire, la mise à disposition d’informations partielles, contradictoires ou inexactes, produit les effets inverses de ceux que l’on imagine. Qu’il s’agisse de steaks hachés ou de crise du crédit, des millions de français se sentent concernés dans leur vie de tous les jours: hier la santé, aujourd’hui l’économie du foyer. Et en période de chute du pouvoir d’achat, nul ne devrait sousestimer l’impact d’un réel manque d’explications sur les risques réels de la crise actuelle.

Car en absence d’infirmation, que verra-t-on? Les épargnants de l’Auvergne et du Limousin vider les caisses d’épargne, une baisse vertigineuse de la confiance des ménages, les français rentrer dans des comportements comparables à ceux qu’on connus lors des périodes les plus noires de notre pays? En l’absence d’informations structurées, la rumeur se propage à une vitesse inimaginable…

Il faut que se dresse une voix – ou plusieurs – pour enfin expliquer clairement (et non de manière lénifiante à la manière du ministre de l’économie) ce qui se passe dans les établissements de crédit. Expliquer pourquoi l’économie française semble revenir 20 années en arrière. Pourquoi le dollar se redresse et le cours du baril de pétrole chute. Pourquoi certaines banques ont mal (DEXIA, Natixis) et d’autres affichent une santé insolente (BNP Paribas). Pourquoi l’Europe monétaire est une chance, et pourquoi l’Europe politique est un leurre en matière de refinancement des établissements de crédit. Pourquoi l’Irlande et l’Allemagne souhaitent faire cavalier seul, et pourquoi la retraite par répartition est une bénédiction.

Mais cette voix ne doit pas venir de la presse financière, trop technique. Ni de l’appareil politique, trop subjectif. Cette voix doit venir des établissement mêmes où se déroule la crise. Cette voix, devrait être celle d’un PDG de banque, au travers de son blog ou de son site personnel. UN PDG dont le réseau, au travers de ses agences, touche des millions de compatriotes. Tout comme Michel Edouard Leclerc, au travers de son réseau de supermarchés, nourrit des millions de compatriotes…

Le secteur bancaire mériterait, par ces temps agités, que la voix d’un PDG blogueur s’élève. Le secteur bancaire, finalement, attend toujours son Michel-Edouard Leclerc.

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