Le roi, l’empereur et le tsar : Les trois cousins qui ont entraîné le monde dans la guerre

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Les histoires de famille, parfois ça se passe pas trop mal, mais parfois ça dégénère. Et lorsque les familles en question dirigent trois des principaux empires qui dominèrent l’Europe à la fin du XIXe siècle, cela finit par sortir bien au-delà du cadre familial. C’est peut-être le premier enseignement de ce livre de Catrine Clay, journaliste de la BBC.

Pour être tout à fait honnête, je ne connaissais absolument pas le lien qui unissait ces royales familles. Mes connaissances en histoire restent assez scolaires, et je ne me souviens pas avoir appris au lycée la relation assez particulière entre le roi d’Angleterre George V, le Kaiser Guillaume II et le tsar Nicolas II : tous trois étaient cousins. Je ne l’ai d’ailleurs appris qu’en regardant le troisième volet, passablement ennuyeuse, de la série Kingsman intitulé Première mission.

Le roi, l’empereur et le tsar raconte l’histoire de ces trois familles royales du milieu du XIXe siècle jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Et pour bien comprendre les liens familiaux, le livre débute par un petit arbre généalogique condensé, auquel on se référera utilement au cours de la lecture de ce livre. À l’origine de ces embrouilles, on trouve la reine d’Angleterre, la reine Victoria, celle qui symbolise si bien l’empire britannique. En habile représentante d’une monarchie constitutionnelle, elle cherche à « exporter » le modèle britannique auprès d’autres familles royales, pour assurer la survie de la royauté en l’adaptant à la modernité. C’est ainsi qu’elle favorisera les mariages de sa progéniture avec des descendants d’aurtes familles royales.

Le premier problème, c’est que les autres familles royales ne considèrent pas forcément d’un si bon oeil cette monarchie constitutionnelle, où le roi et l’empereur est contraint de transiger avec des représentants d’une partie du peuple. Et notamment en Prusse ou en Russie. Le second problème, c’est qu’en cas de conflit, nos altesses royales issues de deux lignées dont les pays s’opposent se retrouvent en fâcheuse situation.

C’est ce qui se passe assez rapidement, d’ailleurs. Alors qu’une des filles de Victoria épouse le futur et éphémère empereur Frédéric III, son frère épouse la fille du roi du Danemark, petit pays qui est peu de temps après agressé … par la Prusse. Vous imaginez un peu l’ambiance à table, ou durant les vacances estivales, quand toute la petite famille se retrouve dans l’une des immenses demeures possédées par les uns ou les autres.

Les premiers chapitres du livre ressemblent donc un peu à un documentaire présenté par Stéphane Bern. Cela parle plus du faste et des fêtes, des embrouilles familiales et des échanges épistolaires, bref, de la petite histoire, que de la grande. On y apprend que tel ou tel roi se promène avec plus de quatre cents tenues d’apparat, pour se rendre au mariage de son cousin. Ou que la mise au monde de tel autre fut si difficile, que cela influença plus tard son comportement.

Mais au fil des pages, on voit se dessiner en filigrane la tragédie qui va bouleverser le monde un quart de siècle plus tard. Les petites rancoeurs qui deviennent des haines tenaces, les incompréhensions des uns et des autres, et le lent déclin des monarchies, qui aboutiront un siècle plus tard, à des situations de plus en plus grotesques. Les démêlés du couple Charles / Diana n’ont rien à envier aux frasques du futur roi Edouard VII… Les royautés, sous toutes leurs formes, n’étaient pas faites pour survivre au XXe siècle naissant. La guerre qui éclate en 1914 ne fut que le catalyseur de cette transformation majeure, mettant fin à des siècles de diverses dynasties sur la planète, au profit de régimes démocratiques.

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