Immortel
Depuis quelques années déjà, plusieurs romans à base d’intelligence artificielle au service d’esprits malfaisants, ou décidant de s’émanciper de toute autorité humaine sont apparus sur les rayons des librairies. J’en ai lu quelques uns, plus ou moins bien construits, comme S.A.R.R.A., Meurtres en toute intelligence et d’autres que je n’ai pas pris le temps de relater sur ce blog. Immortel, roman récent de J.R. Dos Santos, fait partie de cette liste. On y retrouve son héros préféré, Tomas Noronha, aux prises avec un savant chinois et un programme pas sympathique du tout…
Immortel aurait pu être un roman passionnant, mêlant technologie, espionnage, géopolitique et histoire. Malheureusement, comme pour Signe de vie que j’avais lu l’an passé sur une autre plage, Immortel relève du style d’écriture propre à J.R. Dos Santos, et c’est franchement lassant. Chaque dialogue ressemble à une notice Wikipedia, comme si l’auteur voulait nous montrer son immense connaissance des domaines technologiques évoqués – il s’agit ici d’informatique, d’ubérisation, d’intelligence artificielle et d’algorithmes – ou s’il prenait son lecteur pour un ignare.
Ce stratagème, qui aboutit à des romans de plusieurs centaines de pages, me fatiqgue assez rapidement, et j’ai fini par tourner les pages en sautant de longs paragraphes qui ne relèvent plus de l’intrigue, mais de cet étalage insipide de références et d’anecdotes plus ou moins utiles.
Mais s’il n’y avait que cela…
Est arrivé le moment fatidique ou, au détour de considérations sur le pouvoir des algorithmes, l’auteur s’est mis à évoquer CATIA, et à prétendre que ce logiciel puissant était capable de construire lui-même tout type de bâtiment, ce qui allait bien évidemment faire disparaître des millions d’architectes…
Bref, j’ai fini par ne lire que quelques dialogues de ci de là, de ce roman complètement extravagant, dont on sent bien que l’auteur a voulu céder à une mode, plutôt qu’à fournir au lecteur le fruit d’un travail de recherche et d’une construction littéraire de qualité.
Ami lecteur, passe ton chemin.

Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec