Donald & Kim

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Serions-nous en train de vivre un événement de la même teneur que la chute du mur de Berlin? La rencontre historique entre Donald Trump et Kim Jpng-Un qui s’est déroulée il y a quelques heures à Singapour en a tout l’air. En se serrant la main pour la première fois, un président américain et son homologue nord-coréen ont posé les bases pour régler un différend qui, on l’oublie souvent, fut l’un des moments les plus critiques de la guerre froide: la guerre de Corée.

En regardant ces images, on a envie de se pincer. Qui est en train d’arnaquer l’autre? C’est trop beau pour être vrai. Et pourtant, c’est bien ce qui se réalise sous nos yeux. Trump, qui sort d’un G7 tendu et n’a pas hésité il y a quelques semaines à dénoncer l’accord avec l’Iran, et Kim Jong-Un, qui faisait encore office d’épouvantail et d’ennemi public numéro un, réunis pour annoncer un accord de dénucléarisation?

Donald Trump, malgré tous les défauts qu’on lui prête, a un talent: c’est un négociateur conflictuel. Évoluant dans une logique binaire à la George Bush – avec nous ou contre nous – cet homme reconstruit à coups de tweets sa propre réalité. D’une certaine manière, il me fait penser à ce que Walter Isaacson décrivait dans sa biographie de Steve Jobs: une capacité à instiller ce qu’il qualifie de champ de distorsion de la réalité: ce que j’énonce peut vous sembler faux, mais pour moi, c’est ainsi que doit être la réalité. On n’est pas loin du talent de prophète au sens strict du terme tel que défini dans le judaïsme, c’est à dire non pas quelqu’un qui énonce le futur, mais quelqu’un qui énonce ce qu’idéalement devrait être le futur, même si cela a peu de chances de se réaliser. Peu importe que ce soit vrai ou non, l’essentiel étant d’embarquer ses troupes dans une vision commune.

Quant à Kim Jong-Un, reconnaissons lui le talent de n’avoir cédé à aucun moment, et d’être le premier leader nord-coréen à s’asseoir à une table de négociations avec ses adversaires, ce que ni son père, ni son grand-père, n’ont fait. Mais peut-on négocier avec un Obama dont le principal fait d’armes est l’élimination d’Oussama Ben Laden, ou avec ses prédécesseurs, qui avec un George Bush qui n’hésita pas à envahir l’Afghanistan ou l’Irak en temps voulu?

Le chien qui aboie ne mord pas, le chien qui mord n’aboie pas. Après avoir aboyé bien longtemps, Trump a montré qu’il n’était pas aussi avide de sang que d’autres présidents américains. Rien que pour cela, ses détracteurs devraient reconsidérer le bonhomme.

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