5 septembre

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De manière étonnante, la prise d’otage des athlètes israéliens aux JO de Munich en 1972 est un des sujets récurrents de ce blog. Ce n’est pas parce que je suis obsédé par ce sujet, mais plutôt parce qu’il inspire de nombreux réalisateurs. Outre la biographie de Sylvia Rafael évoquée ici, j’ai déjà relaté Outre un jour en septembre qui fit l’objet d’un des premiers articles de ce blog, il y a bien entendu le film Munich de Steven Spielberg, qui relate plutôt les opérations menées par les services israéliens contre les organisateurs de cette prise d’otage. À ces deux films, on peut désormais ajouter 5 septembre, film germano-américain, qui retrace la prise d’otage, qui s’est déroulée sur une journée exactement, le 5 septembre 1972, d’un point de vue particulier : celui de l’équipe de télévision d’ABC.

Car si les premiers JO diffusés en direct se sont déroulés à Rome en 1960, c’était en N&B et la diffusion en direct ne se faisait que sur un seul territoire, l’Europe. L’introduction de la couleur en 64 à Tokyo, puis en 68 à Mexico, marqua le passage à la diffusion en couleur. Et c’est à Munich que débuta la diffusion en direct et en couleurs par satellite, couvrant toute la planète et permettant à des centaines de millions de téléspectateurs de suivre les épreuves, et notamment d’admirer le champion de natation américain Mark Spitz, qui y remporta 7 médailles d’or.

Les mouvements terroristes cherchant à toucher une audience maximale, par la nature de leurs actes et les répercussions qu’elles provoquent, ces jeux auraient dû être placés à un niveau de surveillance élevé. Deux ans après les affrontements entre l’armée jordanienne et l’OLP, qui conduisirent à la création du groupe dénommé Septembre noir, alors que le terrorisme palestinien n’hésitait plus à réaliser des opérations sanglantes et spectaculaires, ces jeux représentaient une magnifique occasion pour frapper les esprits. L’amateurisme des services de sécurité allemands, et peut-être la peur d’offrir un visage encore effrayant un quart de siècle après la deuxième guerre mondiale, facilitèrent les manoeuvres des terroristes, et scellèrent le déroulement tragique de cet attentat odieux.

L’intérêt de ce film ne réside cependant pas dans la narration des événements ou dans l’appréciation de la réaction allemande par le grand public, mais plutôt dans la perspective qui est offerte au spectateur, de suivre la prise d’otage depuis les studios d’ABC, seule chaîne de télévision disposant d’un accès au satellite de télédiffusion – et encore pas un accès permanent – permettant ainsi de toucher le reste du monde. On y découvre à la fois les moyens modernes pour l’époque, mais sans doute archaïques aux yeux de nos contemporains, dont disposaient les équipes de télévision dans pareille situation. Plusieurs caméras, certes, mais de mobilité réduite; la captation sur pellicule; le partage de l’unique liaison satellite avec d’autres stations; l’usage de talkies-walkies, de portée plus limitée qu’un smartphone. Et plein d’autres points anecdotiques qui ont certainement eu leur impact, à cette époque.

La diffusion des événements en direct, et notamment de la mise en place d’une unité de la police allemande sur les toits environnants, a-t-elle permis aux preneurs d’otage de comprendre ce qui se tramait ? C’est le point de vue du film, un point de vue qui rappelle les événements du 9 janvier 2015, lors de la prise d’otages de l’Hypercacher de la Porte de Vincennes simultanément avec l’assaut contre les frères Kouachi. On se souvient alors de l’impact des chaînes d’information en continu, et notamment de BFM TV, dont Coulinaly demandait la diffusion en direct, ce qui aurait pu fournir des détails aux uns et aux autres.

Sans être le film de l’année, 5 Septembre coche toutes les cases pour rejoindre cette catégorie de films qu’on peut diffuser à des élèves dans les écoles de journalisme par exemple, invitant à la réflexion de futurs professionnels de l’information, sur l’impact de leurs actes et de leurs décisions.

À bon entendeur…

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