Ready Player One

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Voici probablement l’un des films les plus aboutis réalisés par Steven Spielberg. En un peu plus de deux heures truffées d’effets spéciaux, Ready Player One reprend en effet les principaux thèmes qui ont jalonné la carrière cinématographique du réalisateur: la force de la jeunesse, la lutte contre les forces du mal, le danger que représente une technologie mal maîtrisée. Du grand cinéma, mâtiné de références à l’univers des années 80: voilà qui plaira au public le plus large, du geek boutonneux aux quinquagénaires restés de grands enfants, qui jadis s’émerveillaient devant E.T. et vont reprendre leur pied à coup de références à l’univers de ces années là, de la DeLorean de Retour vers le futur à Shining.

2045, la terre est peuplée d »individus qui s’agglutinent dans des bidonvilles et passent leur vie à jouer aux jeux vidéos dans un monde virtuel d’un genre absolu, L’Oasis. Là, tout est possible, et nos drogués s’y investissent à longueur de journée. Il faut dire que le génial inventeur de ce Second Life là n’a pas lésiné sur les moyens. Las, personne n’est éternel et le brave James Halliday (c’est son nom) est passé de vie à trépas (deux Halliday partis en un an, ça fait beaucoup pour nos quinquagénaires). Mais non sans un dernier coup d’éclat: tel Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie, notre facétieux inventeur a disséminé trois clefs dans son jeu vidéo grandeur nature: celui ou celle qui les trouvera gagnera le droit … de posséder L’Oasis !

Bien entendu, un tel cadeau n’attire pas que des jouvenceaux. Et si le héros du film se lance dans la course en compagnie de sa petite bande d’amis, de méchants chefs d’entreprise (Spielberg n’a semble-t-il jamais eu une bonne opinion du monde des affaires…) qui souhaiteraient mettre la main sur l’Oasis et le transformer en univers publicitaire (Google et Facebook, prenez ça dans le pif).

Du coup, nous avons droit deux heures durant à une course poursuite rudement bien réalisée, où Spielberg s’en donne à coeur joie. Il faut dire que le scenario, tiré du livre éponyme d’Ernest Cline n’est pas avare de trouvailles originales. Encore fallait-il les mettre en image avec talent, et même si beaucoup des lecteurs ont exprimé de sérieuses réserves sur l’adaptation, la réalisation de Ready Player One est à la hauteur des attentes des fans de Spielberg. La course qui marque la recherche de la première clef est, à cet égard, un pur chef d’oeuvre.

L’évocation de Shining est du même acabit. Et Spielberg s’offre même un petit plaisir, le type de plan qu’il reproduit dans presque chacun de ses films, et qui est un hommage à Hitchcock, et au formidable mouvement de caméra de Vertigo, appelé Dolly zoom ou travelling contrarié: un travelling avant sur le personnage central, combiné avec un zoom arrière (ou l’inverse). Spielberg l’avait utilisé dans les Dents de la mer ou dans E.T.. Et bien figurez-vus qu’il y en a un complètement réalisé en effets spéciaux, au moment où l’avatar de Nolan Sorrento contemple la scène de bataille. Saurez-vous le retrouver?

La grande force de ce film, c’est de nous faire découvrir à quoi ressemble un monde régit par un univers virtuel, une terre où Second Life et Facebook deviendraient si omniprésents que rien ne saurait être dans le réel sans exister dans le virtuel. Un tel monde est, bien sûr, effrayant. Version molle de Matrix, où les individus, tous connectés, perdent le sens de leur vie réelle pour s’évader dans un espace complètement imaginaire. Spielberg rend à merveille ce monde possible; les scènes où des hordes d’individus se déhanchent, casque vissé sur les yeux, sont de ce point de vue ahurissantes.

Ready Player One préfigure un futur possible. A nous de savoir nous en écarter.

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