Pourquoi il ne faut pas abandonner les réseaux sociaux

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Par ces temps de fake news, de détox numérique ou d’infobésité (que ces néologismes sont laids…), il m’arrive souvent de devoir répondre à une question centrale qu’on passe souvent sous silence: la nécessité impérieuse pour une certaine « élite » d’être présent sur les réseaux sociaux, de ne pas les ignorer ni les abandonner. Pourquoi? Lisez la suite pour le comprendre.

Les réseaux sociaux, l’agora des temps modernes

Les réseaux sociaux – Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn et les autres – se sont rapidement développés durant les dix dernières années. Ils constituent des vecteurs de communication omniprésents au quotidien. Près de la moitié de l’humanité les utilise, souvent de manière quasi addictive. Si vous avez des adolescents à la maison, vous avez sûrement eu affaire à ces comportements surprenants d’individus qui, au sortir du sommeil, se précipitent sur leur smartphone pour voir ce que leurs contacts / amis / relations ont pu faire ou dire pendant la nuit (nuit écourtée du fait qu’ils ont lâché le smartphone à une heure déjà avancée).

De quoi parle-t-on sur ces réseaux sociaux? De tout et de rien, principalement. De sport. De politique. De mode. De religion. De mathématiques, parfois (certains se reconnaîtront). De cinéma, de littérature. Le plus souvent, sous une forme de discours courte, impulsive, superficielle, émotionnelle. Les articles de fond, ça marche moins bien que les punchlines! Souvent, les contenus qu’on y partage sont creux, ou insupportables: on veut réagir, liker, sur-liker, marquer sa surprise ou son dégoût. C’est la raison d’être de ces boutons que Facebook a su populariser avec talent. Certains vous diront que les réseaux sociaux sont une perte de temps, et ils n’auront pas tout à fait tort.

Les détracteurs les plus avertis vous avertiront de la dangereuse dérive de ces derniers temps: la bulle sémantique. Les algorithmes qui se cachent derrière ces plateformes, conçues par des informaticiens plus que talentueux, a tendance à nous enfermer dans des contenus qui correspondent à nos goûts, nos travers, nos envies. Les golfeurs n’y entendent pas parler de football, les partisans de La France Insoumise voient leurs arguments se renforcer dans un florilège d’autovalidations, les amateurs de fake news s’y donnent à coeur joie.

Pourquoi y aller, dans ce cas ?

Dans de telles conditions, pourquoi perdre un temps, dont on a déjà du mal à faire bon usage, sur de tels sites? Pourquoi ne pas se consacrer à des tâches plus utiles, plus saines, plus dignes d’intérêt? Après tout, rien ne nous oblige à lire la presse caniveau. Si les contenus que diffusent les réseaux sociaux sont si stupides, il suffit de fermer son compte et de s’adonner à des activités plus nobles pour ne plus y avoir affaire.

C’est vrai, mais ce serait une forme de renoncement, d’abandon, de plateformes qui sont, avant tout, un moyen d’expression démocratique comme un autre. Abandonner les réseaux sociaux, c’est considérer que la bataille est perdue d’avance. C’est laisser le champ libre à tout ce que nous dénonçons. Ne plus participer aux discussion, ne plus y publier, c’est admettre que les réseaux sociaux ne sont un lieu d’échange que pour tous ceux qui n’ont rien d’intéressant à dire.

Les mots sont des armes

C’est justement contre cette attitude que je m’insurge. C’est parce que je considère qu’il est du devoir de cette « élite » qu’évoque Gérard Matthieu dans le dessin ci-dessous de participer à cette immense logorrhée que je suis non seulement présent, mais actif, sur Facebook, Twitter ou LinkedIn, les trois formes de réseau social sur lesquelles je trouve des formats d’expression dignes de ce nom.


G. Mathtieu, dans un de ses meilleurs dessins, paru dans les années 80 dans un numéro de L’Étudiant consacré aux Grandes Écoles

Être présent, être actif, non seulement en m’impliquant dans des discussions de toutes sortes, mais en publiant, de manière régulière – et parfois même abondante – des contenus qui, loin de contribuer à l’essor des fake news et autres stupidités, invite mes lecteurs à réfléchir, penser, quel que soit le sujet abordé: politique, religion, sport, technologie, marketing … ou maths (sans en abuser).

C’est par cette présence régulière que je mène ma forme de combat. Elle peut paraître légère, elle est pour moi lourde de sens. Elle me permet de suggérer à un contact de retirer un contenu inconvenant, à rétablir ce qui me semble être juste et vrai dans des débats engagés. Ce n’est pas toujours simple, et le choix des mots n’est pas toujours facile. Apprendre à supprimer un tweet, modifier un commentaire, faire amende honorable, cela fait aussi partie de ce qu’on appelait, autrefois, la nétiquette. Il est étonnant qu’on n’en dispense pas encore les rudiments à l’école, tant cela peut influencer, en bien ou en mal, le comportement des jeunes ados.

Mesdames et messieurs, prenez vos responsabilités

Je n’ai eu de cesse, ces dernières années, de suggérer à ces représentants d’une certaine élite, qu’elle soit intellectuelle ou économique, de prendre sa part aux débats. Les philosophes, les écrivains, les chefs d’entreprise et les scientifiques ont tout autant de choses intéressantes à raconter que les joueurs de foot, les stars de la télé-réalité ou les leaders politiques. On ne peut que se réjouir de voir des personnalités comme Hervé This, Bernard Pivot, ou Satya Nadella s’intéresser aux formes d’expression sur les réseaux sociaux, et prendre la parole sur Twitter. Il serait absurde de laisser le terrain libre amateurs de clash et de manipulation.

Ce n’est pas tant l’état actuel des réseaux sociaux qui m’effraie, mais plutôt l’idée de voir un jour ces espaces de discussion démocratiques se voir vider des propos de ceux qui l’alimentent en contenu qui appellent à la réflexion.

À vous de jouer.

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