Vueling et la zone de turbulences…

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Nous approchons d’une zone de turbulences, et malheureusement, ça ne se présente pas très bien. J’en veux pour illustration deux affaires récentes, qui n’ont rien à voir a priori, mais qui sont évidemment intimement liées : l’affaire Orpi, et ce qu’on va désormais appeler l’affaire Vueling.

Aimez-vous la soupe d’Orpi à la sauce Rima ?

L’affaire Orpi date d’il y a un peu plus d’un mois. Deux salariés d’une agence parisienne de ce groupe d’immobilier aperçoivent Rima Hassan déambuler dans Paris. L’un d’entre eux, apparemment le plus jeune, se met à l’insulter, ce qui fait malheureusement partie du quotidien de l’élue LFI, tandis que la seconde se met à chanter un hymne devenu récurrent au sein de la communauté juive, Am Israel Haï. Je n’ai jamais caché l’antipathie que j’éprouve envers celle que je qualifie moi-même de « grimace lassante », tant son niveau de propagande péremptoire atteint des niveaux records depuis quelques mois. Mais il n’en reste pas moins que l’insulte dont elle fut l’objet ne peut se justifier : c’était à la fois lourd et inélégant. J’ai vu d’autres contradicteurs de cette fan du Hamas faire preuve de beaucoup plus de finesse et de rigueur dans leurs analyses et leurs propos.

L’affaire aurait pu en rester là, mais Rima Hassan n’est pas née de la dernière pluie. Ayant filmé la scène, elle l’a aussitôt diffusée sur ses réseaux, adoptant évidemment une posture de victime d’agression – agression purement verbale, bien sûr, rien de physique – dans laquelle elle se complait. C’est là où l’affaire bascule dans le nauséabond. Les deux employés ainsi que l’agence sont rapidement identifiés, et leurs noms et adresses jetés en pâture à la meute.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : les deux salariés ont été licenciés dans la journée. Pire, à la suite de menaces de mort, l’un d’entre eux a dû quitter précipitamment la France pour trouver refuge dans un pays où ce genre de mésaventure ne se produira pas…

Bien évidemment, on peut toujours attendre les excuses ou le mea culpa de la député européenne, qui a ainsi mis en danger la vie de deux citoyens français, au prétexte d’une insulte sur la voie publique : elles n’arriveront jamais. Cette irresponsable qui se pose en victime tous les jours ne sait absolument pas ce qu’est être une vraie victime. Elle sait très bien que rien ne lui arrivera, du fait de sa posture politique et de ce qu’elle ne représente pas de danger opérationnel, contrairement aux membres d’un commando terroriste. Mais en livrant des informations personnelles sur deux individus, mettant ainsi leur vie en danger, elle a franchi une ligne rouge qui pourrait de lui en coûter, si les poursuites engagées contre elle finissent par aboutir.

Vueling, les ailes du déplaisir

L’autre affaire est plus récente, et date d’hier. Elle ne s’est pas déroulée en France, mais aux abords de la carlingue d’un avion affrété par Vueling, cette compagnie aérienne low-cost qui fait le bonheur des touristes désireux de découvrir les grandes villes européennes à petit prix. Le vol dont il est question ici devait relier Valence à Paris, et transporter quelques dizaines d’adolescents juifs partis passer une quinzaine de jours en Espagne : une colonie de vacances, quoi.

On a tous croisé un jour un tel groupe d’ados en vacances. Ça glousse, ça chante, ça chahute un peu, ça peut déranger un voyageur un peu grincheux qui comptait dormir, mais rien de très grave en soit, cela se calme toujours. Pourtant hier soir, les choses ont tourné vinaigre pour le groupe en question et ses accompagnateurs. Au prétexte d’une mise en danger des autres voyageurs, l’accompagnatrice principale qui dirigeait cette colonie de vacances s’est retrouvée plaquée au sol puis menottée par la police locale, comme une vulgaire délinquante ou un terroriste qui menacerait de faire sauter l’avion.

Résultat : les ados et leurs moniteurs ont été extraits de l’avion, ainsi que leurs bagages. Charge à eux de trouver un autre moyen de rapatriement. Le vol Vueling est parti avec deux heures trente de retard, au grand dam des autres voyageurs qui, selon les témoignages vus sur les réseaux sociaux, n’ont pas remarqué une quelconque menace pour la sécurité du vol. Et la compagnie aérienne, bien évidemment, s’est fendue d’un message sur Twitter, en mode communication de crise, dont je vous laisse savourer la teneur.

Loin de licencier ses salariés auteurs de comportement offensifs, comme dans le cas d’Orpi, Vueling choisit de passer à l’offensive et de s’en prendre … à ses propres clients, les passagers du vol Valence-Paris, qui pourront attendre des excuses encore longtemps. On croit rêver, mais non, c’est la stricte réalité… Il faut bien relire deux ou trois fois ce communiqué pour en apprécier la teneur vicieuse et détestable. Tout est dans le choix des mots, comme la formule « expression religieuse des passagers ». Des témoignages entendus, il s’agissait de chants en hébreu, comme on peut en chanter dans une colo juive. Rien d’agressif dans de telles chansons – il s’agit le plus souvent de chants scouts, vantant l’amitié ou la solidarité. Que l’équipage interprète de tels chants pour une attitude aggressive est révélateur de ce qui se passe de plus en plus souvent autour de nous, l’essentialisation de tout individu d’apparence juive, associé à ce que Rima Hassan et ses amis ne cessent de qualifier de « peuple génocidaire ».

La zone de turbulences

Les incidents dont je fait ici état ne sont évidemment pas les seuls à avoir marqué l’actualité récente. On se souvient que le rabbin Elie Lemel a été agressé par deux fois en une semaine il y a quelques jours, et dans deux villes où il fait « bon être juif en France », Deauville et Neuilly sur Seine. On es souvient aussi d’autres rabbins agressés, ou de cette multiplication de revendications violemment anti israéliennes dans des concerts, auprès d’un public jeune. Et j’ai déjà évoqué la dérive récente de wikipedia

Nous sommes donc en train d’entrer dans une zone de turbulences, une période qui peut s’avérer terrible, si les dirigeants européens, espagnols, français ou à la tête d’autres pays, laissent passer de tels comportements. L’évolution du conflit israélo-arabe en conflit israélo-palestinien au soir du siècle dernier, malgré les accords de paix jadis envisagés, et son importation en France et en Europe plus généralement, aboutit à une fracture sociétale dans laquelle, une fois de plus, les juifs se retrouvent au ban des autres nations.

S’il est coupable d’un délit, quelqu’en soit l’ampleur, le juif se retrouvera livré à la vindicte d’une foule houleuse. Qu’il soit victime, et on lui mettra sur le dos la responsabilité des faits dont ils doit assumer les conséquences, alors qu’il n’en est pas à l’origine. Bref, coupable ou coupable, vous avez le choix.

Certains voient poindre, dans la multiplication de tels incidents, une ambiance d’entre deux-guerres. Pour ma part, je ne suis pas si pessimiste. Je ne pense pas qu’un grand massacre de juifs pointe son nez à l’horizon, comme ce qui s’est déroulé en Europe il y a à peine plus de 80 ans.

J’ai plutôt le sentiment qu’un grand nombre de juifs européens vont connaître le moment Herzl, un tournant psychologique – les anglais appellent cela un tipping point – une prise de conscience que leur sécurité n’est plus assurée en Europe, qu’ils soient sionistes ou pas.

Et je ne suis pas certain que les grands pays européens en tirent profit.

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