Les nouveaux antisémites, complices du mal
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas d’un seul livre mais de deux ouvrages récents que je vais parler dans cet article. Deux ouvrages assez similaires sur leur thème, les liens entre LFI et les milieux islamistes, sur leur élaboration sous forme d’enquête et sur leur déroulé chronologique, d’octobre 2023 au printemps 2025. Il faut dire que la période s’y prête, et que le sujet est suffisamment sensible pour que des journalistes se lancent dans la littérature d’investigation. Avec une petite tendance à la compétition pour sortir le premier…
Commençons donc par Les nouveaux antisémites, sorti le premier, courant septembre. Je connaissais déjà Nora Bussigny pour avoir lu certains de ses articles dans Franc-Tireur. Journaliste engagée, avec des origines à la fois kabyles et bretonnes, elle y dénonce semaine après semaine les dérives du parti de Jean-Luc Mélenchon.
Dans Les nouveaux antisémites, elle livre un témoignage glaçant, celui d’une journaliste qui s’est glissée – pour ne pas dire infiltrée – dans les milieux LFIstes, participant aux manifestations et aux événements en tout genre, et allant même jusqu’à se glisser dans un groupe de travail dédié aux actions de propagandes sur Wikipedia (dont on peut apprécier le résultat en lisant le livre de Michel Sandrin).
Ce livre aux propos nets et précis devrait être offert à tout député, tout élu, désireux de comprendre à qui il à affaire. Car sous couvert d’un antisionisme de bon aloi – comment pourrait-il en être autrement, quand Israel mène une guerre qui tarde à finir – on assiste bien à l’essor d’un mouvement fasciste proprement antisémite, avec ses penseurs, ses leaders, ses mouvements associatifs, ses éléments de langage. Et bien sûr, son égérie, sainte Rima.
Chose étonnante, on y découvre son idylle de jeunesse avec un jeune juif, du temps où elle résidait à Niort. Bien qu’il s’agisse là d’un juif peu pratiquant et non engagé dans une action communautaire, il lui a probablement servi à mieux comprendre l’univers des juifs de France, son passé, ses valeurs et ses mouvements, de toute sorte. Dans le livre, Nora Bussigny indique qu’à l’issue de son voyage au Liban en 2014, leur relation s’est distendue, suite à la radicalisation politique de Rima Hassan.
Le second ouvrage, Les complices du mal, est consacré au même thème, et il est normal qu’on y retrouve les mêmes personnages (les élus LFI, bien entendu, et d’autres profils beaucoup plus sulfureux comme Elias d’Imzalene ou Omar Alsoumi), les mêmes organisations comme Urgence Palestine, les mêmes discours haineux envers Israel et les « génocidaires » (comprendre : les juifs).
L’approche est la même, la participation sous une identité dissimulée aux événements et manifestations de l’extrême-gauche qui s’auto-qualifie (avec beaucoup de suffisance) d’anti-fasciste, mais qui n’a probablement pas été suffisamment à l’école pour comprendre qu’il existe aussi un fascisme de gauche…
Le livre diffère cependant sur deux points. Réfugié d’origine syrienne, Omar Youssef Souleimane apporte le témoignage d’un ancien ressortissant syrien, ayant vécu en Arabie saoudite, et ayant été intoxiqué dès son plus jeune âge aux discours anti-sionistes et antisémites. Pour lui, comme pour de nombreux lecteurs, il n’y a pas de différence, et ce qu’il expose est assez convaincant pour quiconque peut ou veut se faire un point de vue objectif sur la question. Arabophone, il décode le double langage auquel se livrent les intervenants lors des manifestations, ce que Nora Bussigny ne peut faire aussi bien.
La seconde différence, c’est le point de bascule qui se produit lorsque Souleimane apporte son témoignage face à Elias d’Imzalene, alias El Yess Zareli, qui appelait à une intifada dans Paris. Contrairement à Nora Bussigny, qui semble avoir traversé son enquête sans avoir été identifiée, Souleimane, lui, apparaît désormais à visage découvert.
On ressort particulièrement secoué de la lecture de ces deux livres, avec l’impression qu’il ne s’agit que de la phase initiale d’un dangereux glissement de la société française, infiltrée par des réseaux islamistes, qui leurrent la gauche française qui croit elle-même se servir d’eux comme d’une base électorale, alors qu’il s’agit bien d’un véritable cheval de Troie, avec dans l’ombre, des intérêts étrangers proches des frères musulmans, visant à faire évoluer la France vers une société bien différente de celle qu’on connaît. La Palestine a bon dos…
Ceux qui comme moi suivent depuis un moment les dérives de LFI et de son écosystème ne sortiront pas surpris de la lecture de ce livre. Ceux qui ont découvert ces mêmes dérives depuis les événements tragiques du 7 octobre 2023 ne seront pas non plus surpris.
C’est pourquoi il faut offrir ce livre à ceux qui sont passé au travers de ces histories sordides, soit par manque d’intérêt, soit parce qu’ils vivent dans une bulle, éloignés de- ou à l’abri, à vous de choisir – toute réalité politique en France. Ils n’en croiront par leurs yeux, et seront, j’espère, à même de comprendre ce qui est en jeu : l’avenir d’une certaine forme de démocratie, en France et en Europe.

Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Article très bien rédigé.
Merci