La leçon de vision stratégique de Satya Nadella

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Dans un article publié récemment sur le blog de Microsoft, son CEO Satya Nadella, dont j’ai déjà évoqué tout le talent dont il a fait preuve depuis sa prise de fonction il y a plus de dix ans, à publié un post assez intéressant, et notamment pour un lecteur français, habitué aux remous que peut provoquer ce genre de discours de ce côté-ci de l’Atlantique, au sein des syndicats.

Nadella y évoque les récents licenciements chez Microsoft, environ 9000 postes – pour un total de 230 000 employés dans le monde. Ce n’est pas la première fois que Microsoft réduit ses effectifs de manière brutale : en 2009 suite à la crise des subprimes, puis cinq ans plus tard après l’intégration de Nokia, et l’an dernier encore, dans l’activité de jeux vidéos. Pourtant, ce plan là se produit dans une période différente : Microsoft se porte bien, et même très bien. Avec une capitalisation de près de 3000 milliards de dollars, Microsoft est la compagnie dont la valeur est la plus élevée au monde, derrière NVidia. Ses résultats sont en hausse sur les deux premiers trimestres de 2025, bref, tous les indicateurs semblent au vert. Alors pourquoi une telle décision ?

Nadella l’explique en rappelant les piliers fondamentaux de l’entreprise, son what, why and how. En clair, sa mission, ses priorités, sa culture. Il faut lire le passage où il détaille ces trois éléments, une description limpide et réaliste de ce à quoi doit faire face un éditeur de logiciels à l’heure du passage à l’Intelligence Artificielle. Ce n’est pas étonnant, de la part d’un acteur qui a fait le choix stratégique de s’acoquiner avec OpenAI il y a quelques années. Mais quand Nadella parle d’IA, ce n’est pas uniquement pour la mettre à disposition des clients de Microsoft via un copilote, c’est aussi pour produire de manière plus efficace des logiciels encore plus adaptés à la demande.

L’IA fait partie des 3 priorités de Microsoft, au même titre que la sécurité et la qualité. Le point sur la qualité peut paraître anodin, il n’en est rien. La complexité grandissante des logiciels actuels, l’évolution des interfaces, l’internationalisation des besoins d’un côté et des équipes de développement de l’autre a un impact évident sur la qualité des logiciels qu’on nous fournit et qui parfois nous rendent dingue par leur interface incompréhensible… Et je me souviens d’un constat que j’avais fait à l’époque où je travaillais chez DS : plus les équipes qui travaillent sur un même logiciel grossissent, et plus la qualité de ce qui est produit diminue. Au contraire, de petites équipes, soudées et agiles, font des miracles pour améliorer la qualité des produits.

Enfin, à une époque où le nombre de cyber-attaques ne fait que croître, et où nous connaissons tous des entreprises qui ont dû faire face à une situation critique liée à une attaque réussie (comme ici), de la plus simple (site piraté) à la plus sophistiquée (ransomware, mise hors service de l’infrastructure IT), l’aspect sécuritaire est encore plus pertinent. Les infrastructures Microsoft supportent des services essentiels pour de nombreuses entreprises ou services gouvernementaux qui n’ont pas le droit de planter, et doivent servir de rempart au cas où le risque humain – le clic de trop via un mail de phishing, par exemple – ouvrirait la porte à des visiteurs mal intentionnés.

Fondée il y a tout juste 50 ans, Microsoft a su traverser de nombreuses crises, et rattraper le retard pris dans des domaines stratégiques (internet, internet mobile, cloud, réseaux sociaux, logiciel libre) pour devenir leader, ou presque leader, avec des initiatives déterminantes. Gageons que Satya Nadella, avec ce genre de discours, saura galvaniser ses troupes.

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