La chute de la maison Bayrou
Comme on pouvait s’y attendre depuis le début de l’été, le gouvernement Bayrou a vécu ses dernières heures hier après-midi. Il aura duré un peu moins de neuf mois, ce qui n’est déjà pas si mal dans la période d’instabilité parlementaire que nous traversons depuis la dissolution de juillet 2024, et le pari stupide d’Emmanuel Macron. Neuf mois, c’est la durée moyenne d’un gouvernement sous la IIIe République, et c’est largement plus que les six mois de durée moyenne sous la IVe…
Innovation zéro
Mais que s’est-il passé pendant ces neuf mois ? Quel bilan tirera-t-on de ce passage de François Bayrou au poste de premier ministre ? Rien, ou presque rien. Un conclave sur les retraites, qui n’a abouti à aucune décision. Une timide tentative de débat sur l’instauration de la proportionnelle. Et un plan d’économie pour freiner la croissance de la dette publique, dont on ne retiendra au final que la volonté de supprimer deux jours fériés, le 8 mai et le Lundi de Pâques. N’est pas Mendes France qui veut.
À vrai dire, il ne fallait pas s’attendre à plus. De tout son parcours, Bayrou n’a jamais brillé par des fulgurances ou des éclairs de génie mémorables. Ce professionnel aguerri de la politique à la française, dont on dit qu’il a adoubé Emmanuel Macron, qui fut de nombreuses fois candidat aux élections présidentielles, laisse surtout le souvenir d’un individu capable de tirer profit du système, sans jamais réellement l’orienter. Maire de la petite ville tranquille de Pau, il a particulièrement brillé comme Haut Commissaire au Plan, un bidule dont one se demande à quoi il sert vraiment à part offrir une planque dorée aux édiles qu’on veut remercier pour leurs bons et loyaux services … Une dizaine de rapport en cinq ans, voilà de quoi préparer la France à ses futures épreuves…
Lou pas ravi
Le départ de Bayrou, à moins de deux ans de la fin du second mandat d’Emmanuel Macron, marque surtout le retour des questions sur l’avenir de ce dernier. Le prochain premier ministre risque de ne pas durer beaucoup plus longtemps que Michel Barnier, et une nouvelle dissolution n’améliorerait pas grand chose. Bref, les extrêmes ne vont pas tarder à faire pression sur le président pour exiger son départ. Rien ne l’y oblige, mais on voit mal quels moyens d’action sont à sa disposition sur les 20 prochains mois.
Faible à l’intérieur, Macron ne sera que plus faible à l’extérieur. Il aura réussi à transformer son second quinquennat en farce grotesque. Le roi est peut-être nu, mais c’est la république et la nation qui vont trinquer.

Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Chute de la maison Bayrou ? Le malheureux n’a pas eu de Poe. \\
Je ne suis pas sûr que le Commissariat au Plan (Haut comme il se doit) soit une chose dorée : j’ai lu que ce n’était pas rémunéré … mais je ne sais rien sur les défraiements. et autres éventuelles sucreries.