Connaissez-vous les CVCB ?

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L’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est bien connu. Et en matière de bonnes intentions foireuses, j’aimerais vous faire part d’une de celles qui m’a le plus étonné : la CVCB.

Si vous ne connaissez-pas encore la CVCB, pas d’inquiétude, il y a de fortes chances que vous ayez à peu près mon âge, ou que vous ayez passé le permis de conduire il y a plus de vingt ans. Car – j’ai fait le test auprès de mes plus jeunes enfants – la CVCB est un concept récent, enseigné dans les écoles de conduite pour une raison évidente : c’est une adaptation de nos bonnes vieilles routes départementales pour leur adjoindre des pistes cyclables là où il paraît trop onéreux de mener des travaux de voiries trop poussés.

La route qui vous veut du mal

La CVCB – aussi appelée Chaussée à Voie Centrale Banalisée – permet donc aux automobiles et aux vélos de cohabiter paisiblement. Seul problème : je suis rentré en mode panique dès que j’ai posé les roues sur une CVCB. Vous allez aisément comprendre pourquoi.

La CVCB, comme le montre l’illustration précédente, consiste donc à intégrer deux voies de cyclistes virtuelles, et à remplacer la bonne vieille route à deux voies par une route … à une voie, sans ligne pointillée permettant de distinguer les deux sens de circulation.

Je ne sais pas quel est le débile mental qui a eu l’idée de ce type d’habillage, mais si vous le connaissez, donnez moi son adresse et je me ferai un plaisir de lui envoyer un exemplaire du livre Nudge, de Richard Thaler et Cass Sunstein. Ils y trouveront une liste d’exemples de dispositifs mal conçus, dans laquelle la CVCB pourrait obtenir une place respectable.

Car quand vous vous trouvez sur une CVCB, le premier réflexe qui vous prend, c’est de rouler au centre, et non sur les côtés. C’est normal, il vous avez l’impression visuelle de rouler sur route à sens unique, avec deux bandes cyclables, une dans votre sens, et une en sens inverse, comme dans Paris, en fait… Pire que ça, en cas de ralentisseur avec un dos d’âne, on ne trouve souvent qu’un seul bloc central, et non deux blocs. Génial non ?

Mais attention, car lors du premier usage, vous n’allez probablement pas vous rendre compte que c’est une route à deux sens de circulation. Et si un autre véhicule vient en sens inverse, vous n’aurez que quelques secondes pour vous rabattre. Je vous laisse imaginer le résultat au détour d’un virage, ou si plusieurs cyclistes se trouvent effectivement sur la piste cyclable virtuelle…

La CVCB, c’est le résultat d’une bonne idée – développer plus de pistes cyclables en France – combinée avec une architecture qui ne le permet pas – la bonne vieille route départementale à deux voies.

Vive le chaucidou…

Il paraît que l’appellation CVCB ne passe pas si bien, et que des petits génies du nudge à la française lui ont trouvé un joli nom : le chaucidou, pour « Chaussée à circulation douce ». Il existe même un panneau de signalisation pour les repérer, je défie quiconque d’être capable de les déchiffrer tout en conduisant.

Bref, si conduire dans Paris est déjà devenu un calvaire, avec la CVCB ou Chaucidou, vous allez atteindre un niveau supérieur…

Pour les amateurs qui aimeraient tester ce type de route, il suffit de faire un tour peu après la sortie Vélizy-Villacoublay, sur la route qui longe Joisy en Josas. Si vous vous y rendez en voiture, faites attention aux vélos…

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