Si Albert Einstein avait choisi de devenir dentiste….

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Les résultats du bac sont arrivés. Félicitations aux bacheliers de 2012, courage à celles et ceux qui ont raté le coche cette année. Il faut dire que le bac n’est plus ce qu’il était: de nos jours, presque 90% des candidats qui se présentent l’obtiennent, c’est à dire environ les 2/3 d’une classe d’âge. Il n’y a qu’à jeter un oeil sur les statistiques puliées sur l’article Baccalauréat en France pour s’en convaincre:

La proportion d’élèves qui obtiennent une mention est encore plus intrigante. Comme le rappelle cette réponse du Ministère de l’Education Nationale sur le site du Sénat, alors que jusqu’à la fin des années 80 moins de 1% des admis obtenait une mention TB, on flirte désormais avec 5% des admis. Du coup, de plus en plus d’élèves ayant obtenu le Graal des mentions s’orientent non pas vers une prépa scientifique ou littéraire, comme c’était souvent le cas à mon époque il y a 30 ans, mais vers des études qui mènent à une profession libérale: médecins, dentistes, voire experts-comptables.

Il n’y a pas de sots métiers, et il ne s’agit  nullement ici de décrier les professions citées précédemment. Il est évident que les professions de santé requièrent un niveau de qualification élevé, et que voir des élèves plutôt doués s’orienter vers de tels cursus, particulièrement longs (de 6 à 10 ans) n’est pas une aberration. Des médecins forts en maths, cela ne pose pas de problème particulier, notamment à une époque où la technologie devient de plus en plus présente dans le quotidien des médecins.

Mais on peut aussi s’interroger sur les conséquences à long terme de tels choix. Les élèves qui réussissent avec les meilleures mentions sont a priori ceux qui ont le mieux assimilé l’enseignement prodigué durant le collège et le lycée, toutes matières confondues. Parmi eux, on aurait sans doute pu trouver les meilleurs enseignants des prochaines générations, les ingénieurs les plus audacieux, les chercheurs les plus rigoureux. Il n’en sera hélas rien, et nombre d’entre eux s’orienteront vers des carrières de médecins, dentistes ou autres, financièrement plus valorisantes, pour le bénéfice de la santé de tous, mais au détriment de la perpétuation d’une tradition d’enseignement de qualité.

Les futurs profs de nos petits-enfants ne seront certainement pas issus de ces classes d’élèves surdoués. Choisir une carrière d’enseignant ou de chercheur quand on a réussi le bac avec une mention TB, c’est renoncer à un avenir plus rémunérateur. Peu d’élèves feront un tel choix, à n’en pas douter. On ne demande déjà pas aux footballeurs de l’équipe de France d’être altruiste, alors pourquoi le demanderait-on  nos têtes blondes? Les futurs profs, car il en faut bien, proviendront sans doute du « ventre mou » de ces baccalauréats sans mention, qui ne pourront aspirer à des études plus brillantes.

De nos jours, Albert Einstein aurait peut-être choisi de faire dentiste (c’est peut-être pour cela qu’il tire la langue…). Et le monde continuerait de tourner, sans énergie nucléaire, sans Boson de Higgs, mais aussi sans GPS…

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