The art of deal

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Et voilà, au terme de 738 jours de détention, les quelques orages israéliens encore en vie vont être libérés, tandis que les dépouilles des derniers otages morts – en détention ou dont le corps a été emporté lors de l’attaque du 7 octobre – seront transférées. La fin d’une longue période de détresse, d’angoisses, de malheures. De guerre aussi.

Bien sûr, on ne peut pas passer sous silence les victimes civiles à Gaza, par milliers sans doute, mais certainement pas autant que le prétend le prétendu ministère de la santé et de la (dés)information du Hamas. Car on l’a bien vu, durant ces deux dernières années et à l’occasion du cessez-le-feu, les membres du Hamas se fondent et se confondent parfaitement au sein de la population de Gaza. Sans oublier l’impact du taux de mortalité « normal » au sein d’une population estimée à deux millions d’habitants.

On n’oubliera pas non plus le prix exorbitant de ces libérations, ce que réclame à chaque fois l’organisation terroriste. Des centaines de prisonniers palestiniens en échange d’une poignée d’otages, comme pour Gilad Shalit il y a quelques années. Et que Sinwar, de mémoire maudite, avait été libéré dans le cadre de cet échange.

Sonnez tambours, résonnez musettes

Alors que ces échanges se mettent en place, bien entendu, des leaders politiques voudront s’approprier la paternité de l’accord. De tous ceux qui se présentent au balcon, il y en a cependant deux qui sortent du lot, et non des moindres : Trump et Netanyahou.

Passons rapidement sur le cas Emmanuel Macron, qui devient presque pathologique. Après avoir reconnu unilatéralement un état palestinien sans contreparties, notre président s’est transformé en mouche du coche, organisant un sommet in extremis une fois l’accord de paix conclu par les États-Unis, et venant jouer les Forrest Gump pour être sur la photo ce matin à Sharm-El-Sheikh, alors que le gouvernement tout juste sorti hier soir va devoir se préparer à affronter la censure… Avec Macron, c’est l’art de figurer sur la photo.

Trumpissimo

Les deux principaux acteurs de ce deal, il faut le reconnaître, sont Trump et Netanyahou. Trump, de manière quasi évidente, tant et si bien que certains voulaient lui voir attribuer un Nobel de la Paix la semaine dernière – un peu hors délais, qu’il patiente un peu, il pourra présenter sa candidature officiellement l’an prochain. Je ne suis pas certain qu’il soit réellement l’auteur de son livre The art of deal, mais une chose est claire, sans son ingérence permanente, sa manière s’asséner ses vérités et de forcer la main à ses interlocuteurs, il est parvenu à faire ce qu’on croyait impossible depuis deux ans : la libération des derniers otages dans le cadre d’un deal – ne parlons pas encore de paix – entre le Hamas et le gouvernement israéliens. Un deal avec une multitude de clauses, que chacun pourra probablement interpréter à sa guise, mais un deal quand même. Chapeau bas.

L’autre père de cet accord, c’est étonnamment Binyamin Netanyahou. Paradoxalement, celui qui n’a eu de cesse de poursuivre les combats – au prix probablement de la survie de certains otages – a poussé la situation à de telles extrémités, qu’il n’y avait plus de portes de sortie pour le Hamas. En allant frapper ses représentants dans ce qui aurait pu être considéré comme un territoire sanctuarisé – au Qatar – ou en ne cessant de labourer le territoire palestinien – à quel prix ! – il a certes embarqué Israel et probablement les juifs du monde dans une sorte de ghettoïsation morale, mais dans son jusqu’au boutisme a contraint le Hamas à accepter de négocier avec le seul leader politique capable de conclure un deal.

Le jeu en valait-il la chandelle ? Y aurait-il eu d’autres manières d’aboutir à un deal ? Peut-être oui, peut-être non, on ne refait pas l’histoire, et je doute que le Hamas soit beaucoup plus flexible que Netanyahou. Mais par son obstiation, le premeir ministre israélien a permis a un Donald Trump en pleine forme de faire ce qu’il prétendait pouvoir faire dès son arrivée au pouvoir il y a neuf mois.

Un deal certes. Pas un deal win-win, vu l’état de la bande de Gaza et le sort de nombreux otages, vu la haine envers Israel qui déborde les cercles privés des réunions LFI pour toucher des organisations bien-pensantes. Mais un deal.

Et après tout, y avait-il une autre manière de procéder que d’aboutir à un deal ?

Et conclure un deal, mine de rien, c’est tout un art…

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