Petite philosophie de la sieste
J’ai des amis qui me connaissent bien. Et qui connaissent mon goût prononcé pour la sieste. L’un d’entre eux, également grand amateur de coupures post-prandiales, m’a gratifié d’un superbe cadeau d’anniversaire il y a quelques jours, un livre entièrement consacré à cet art que je pratique depuis plus de trente ans : Petite philosophie de la sieste.
Il existe plusieurs types de sieste, et il faut reconnaître que l’auteur semble bien renseigné sur le sujet, capable de distinguer les bienfaits de chaque sorte. Le lecteur moins indulgent remarquera, de son côté, que Sébastien Spitzer manque peut-être de sens critique, et ne mentionne aucun des désagréments couramment attribués aux siestes longues.
Pour ma part, j’ne pratique plusieurs sortes; IL y a bin sûr la sieste chabbatique, cette coupure d’environ deux heures, qu’il m’arrive de faire pousser jusqu’à trois heures – j’en ai même fait une de six heures à Las Vegas, il y a quelques années. Elle accompagne le début de la digestion, souvent d’un plat qui a mijoté depuis la veille, ce qui peut provoquer quelques migraines chez les personnes sensibles.
Mais il est question, dans ce livre qui n’est pas très épais et pourra largement vous aider à tuer le temps pendant les vacances, des siestes plus courantes, celles qu’on peut pratiquer en semaine, parfois sur son lieu de travail.
Cette forme de sieste là est peu courante en France, et c’est un des très grands mérites de ce livre que de rappeler qu’on la pratique dans les pays les plus développés, afin d’améliorer la productivité des salariés pendant la deuxième moitié de la journée. Je peux vous confirmer tous les bienfaits de cette sieste, je l’ai pratiquée pendant une décennie, lorsque je travaillais chez Dassault Systèmes. M’étant fâché avec un collègue peu avenant lors d’un déjeuner, j’avais décidé de ne plus manger à la cantine, et de rentrer chez moi, puis chez mes parents, à peu près tous les midis – ce qui me permettait de déguster les mets tunisiens préparés par ma mère. Une sieste s’imposait donc, et je pris rapidement l’habitude d’un petit somme d’une dizaine de minutes, extrêmement revigorant. Avec le temps, je n’avais même plus besoin de programmer ma montre pour me réveiller, mon organisme s’était habitué à se réveiller tout seul. Cette sieste s’apparentait de plus en plus, au fil du temps, à une plongée sous-marine, avec le sentiment d’émerger littéralement au réveil.
J’ai cessé de pratiquer cette sieste au début du 21e siècle, pour en pratiquer une autre forme, moins régulière, mais tout aussi réparatrice, souvent après m’être garé dans un parking. Une coupure de 5 à 10 minutes, en allongeant le fauteuil conducteur, me permettait de reprendre des forces avant de passer à la phase suivante de ma journée – un rendez-vous, une présentation, ou toute autre activité.
Bien évidemment, je pratique cette sieste automobile lors des longs trajets en voiture? Lors de chaque arrêt sur une aire de stationnement, je repère une place à l’ombre, entrouvre les fenêtres, allonge mon siège conducteur, étend – autant que possible – mes longues jambes athlétiques – et hop, c’est parti pour un break salvateur. En 2017, alors que je menais une série de formations au Social Selling, en province pour le compte d’un client, je l’ai pratiquée à de nombreuses reprises.
En 2016, j’ai eu la chance d’assister à une session APM consacrée au sommeil du dirigeant. Je ne me souviens plus du nom de l’intervenante, mais elle a profondément modifié ma pratique de la sieste, me permettant de l’enclencher avec encore plus de facilité, à l’aide d’exercices respiratoires et en prenant soin de ma posture – pas de croisement des membres, par exemple. Mine de rien, cette formatrice venait de mettre des mots et des explications sur un fonctionnement de mon organisme auquel j’avais abouti après plusieurs années de pratique.
Mais je m’attarde, je m’attarde, et l’heure avance. Il va bientôt être l’heure de ma sieste estivale. J’espère que ce court petit article vous aura encouragé à pratiquer des siestes. Et si je ne vous ai pas encore convaincu, lisez la petite philosophie de la sieste. Son auteur trouvera certainement des mots encore plus soporifiques que les miens…

Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec